Entête

LE PREMIER SEXE – OÙ LA GROSSE ARNAQUE DE LA VIRILITÉ

 

La Scala
13 Boulevard de Strasbourg
75010 Paris

Jusqu’au 27 novembre 2024
Les mardis et mercredis à 19h15

 

Le Premier Sexe loupe 

 

Avec un titre résolument clin d’œil à Simone de Beauvoir – et certainement pas à l’essai masculiniste d’Éric Zemmour ! –, Mickaël Délis nous plonge dans un récit intime qui vise à déconstruire le mythe de la virilité et dénoncer les ravages du patriarcat, même chez les hommes. En convoquant une galerie de personnages marquants, il nous emmène de l’enfance à l’âge adulte, avec une finesse qui rend chaque figure à la fois familière et symbolique. Il y a bien sûr ses parents. Une mère, excentrique, accro au Lexomil, qui ne veut pas lui couper ses beaux cheveux longs, et un père archétype du macho alpha, avant le revirement final. Son frère jumeau, fan de Spiderman, incarne une masculinité plus conventionnelle, comme ses camarades de classe qui lui rappellent dans les vestiaires du gymnase les rituels adolescents de la virilité. Ses copines, ses copains, son psy – avec ses jeux de mots un peu caricaturaux mais révélateurs –, l’accompagnent dans ce cheminement vers l’émancipation. Pour la théorie, il y a aussi son prof qui explique en dessin le XY d’Élisabeth Badinter en cinq minutes chrono. Entre les proches qui s’inquiètent de ne pas le voir avec une petite amie, et sa mère qui semble avoir décidé pour lui de son orientation sexuelle, le jeune homme se retrouve tiraillé. Il y a l’homophobie ordinaire, la difficulté à accepter son propre parcours mais aussi un certain « fascisme intracommunautaire ».

De l’intime au collectif, ce schéma classique qui fonctionne parfaitement ici grâce à l’énergie de l’acteur, qui livre une performance scénique remarquable. La mise en scène est épurée et astucieuse, notamment grâce à un long gilet blanc qui devient tour à tour l’écharpe de sa mère, le slip de son père, un membre protubérant, des muscles saillants, une cape de super-héros, ou encore une blouse de professeur. Cette simplicité scénique laisse toute la place à un texte percutant, d’une grande musicalité, mêlant humour et émotion.

Le Premier Sexe éclaire ainsi, avec une sensibilité rare, les difficultés à se libérer des contraintes identitaires, et l’importance de s’engager dans la « grande aventure d’être soi ».

Ivanne Galant

 

Le Premier Sexe ou la grosse arnaque de la virilité

De Mickaël Délis
Mise en scène : Mickaël Délis et Vladimir Perrin

Avec : Mickaël Délis

Collaboration artistique : Elisa Erka, Clément Le Disquay et Elise Roth
Collaboration à l’écriture : Chloé Larouchi
Lumières : Jago Axworthy