LA TOUR DE PISE
Manufacture des Abbesses
7 rue Véron
75018 Paris
01 42 33 42 03
Jusqu’au 24 mai 2023,
les lundis, mardis et mercredis à 21h.
Les dimanches à 20h.
Elle penche, oui… comme la Tour de Pise du titre ; Elle, une jeune femme BCBG qui se retrouve curieusement sur le plongeoir d'une scène plongée, elle, dans un noir presque complet.
Départ intéressant : qui est-elle, que fuit-elle, que veut-elle et surtout que veut son tourmenteur, celui à qui elle s'adresse régulièrement en l'appelant "monsieur" ?
Disons-le, on ne le saura pas tout. Et c'est tant mieux.
Ce monologue féminin, créé en 2006 et repris ici par la Compagnie des Gosses gardera une partie de son mystère.
Passé les premiers moments de doute et de peur, la jeune femme va donc dérouler un long monologue : il y a celui-là, il y en a eu d'autres et on ne peut s'empêcher de se dire, souvent, que les chemins empruntés se ressemblent. Comme le talentueux Pierre Notte, auquel Diastème (l'auteur) fait parfois penser, il y a une grammaire du monologue. C'est donc un mélange de réactions in situ et de digressions sur le passé proche du personnage (ici sa relation avec son amant) sur ce que lui disait sa mère et toute une partie, située en Italie, où elle a vécu un amour fou avec un amoureux (nuance !) qui la jugeait coincée et terne.
Bon.
On voit bien les intentions de l'auteur : faire passer cette jeune femme, au moyen de notations timides tout d'abord, puis de plus en plus crues... à l'état de femme "libérée". Comme dit la chanson, "ce n'est pas si facile !" et le talent de la comédienne n'est pas en cause, mais on peine à vraiment entrer dans cette évolution. On la suit, oui, on comprend intellectuellement ce qui se passe, mais il y a peut-être trop de revirements, trop de coups d'éclat attendus. La "montée en puissance" oscille entre le trop (déjà-vu) et le trop peu.
La mise en scène est au cordeau et pour cause, vu le peu d'espace dont dispose la comédienne. Les éclairages sont soignés et créent tout un monde autour du personnage.
Il reste que l'interprète, Fanny Soler, pour crédible qu'elle soit, est sans doute encore un peu jeune pour emporter complètement l'adhésion dans ce registre-là.
Au demeurant, il y a des moments forts, des "noirs" bien venus et surtout cette chanson italienne qui rythme de façon obsessionnelle toute la partition du personnage.
Au final, un spectacle qu'on aurait souhaité plus abouti (dans le fond et dans la forme) mais qui, par son originalité, ne laisse pas indifférent.
Gérard Noël
La Tour de Pise
de Diastème
Mise en scène : Karine Dedeurwaerder
Avec : Fanny Soler
Création lumières : Miguel Acoulon
Création costumes : Bertrand Sachy
Création décor : Alexandrine Rollin
Création son : Serge Bouc et Jacques Barret
Acrobaties : Charlie Vergnaud
Photos : Jacques Gaffet, Vincent Héquet
Mis en ligne le 13 avril 2023
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