Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet
Square de l'Opéra Louis-Jouvet
7 rue Boudreau
75009 Paris
01 53 05 19 19

Jusqu’au 12 mars 2022
à 20h ou à 15h le dimanche

(puis à l’Opéra de Dijon du 20 au 26 mars, puis à Amiens le 1er avril)

 

Photo © Vincent Lappartient –  Studio J'adore ce que vous faites

 

Vous connaissez l’opéra de Monteverdi, Le Couronnement de Poppée ? En voici une version (très) légèrement différente, (peut-être) proche de celle qui a (peut-être) été donnée en 1646-1647 à Paris par une troupe vénitienne. L’idée de la confier à de jeunes chanteurs et de jeunes musiciens était un pari audacieux, et il est formidablement tenu !

Ici, peu d’éléments de décors, pas de machinerie complexe pour faire descendre les divinités sur scène, et un ensemble orchestral réduit ; pourtant, aucune concession n’est faite sur la musicalité de l’opéra de Monteverdi dont toutes les couleurs chatoyantes sont remarquablement bien rendues sous la baguette de Vincent Dumestre.

Il en va de même pour la sobre mise en scène d’Alain Françon, dont on peut se demander au premier acte si elle ne laisse pas les interprètes se débrouiller seuls… avant que cette crainte ne soit levée dans les deux actes suivants, alors que l’intrigue se noue et que les plus beaux airs – c’est-à-dire en l’occurrence ceux d’une exquise douceur, comme « Oblivion soave » – n’arrivent.

Et quelle intrigue ! Désirs, trahisons, condamnation à mort et tentatives de meurtres, rivalités et luttes pour le pouvoir : l’extraordinaire modernité du livret est bien soulignée par quelques touches de fantaisie et de burlesque qui donnent un certain humour à l’œuvre – notamment à travers le personnage de la servante Arnalta, interprété par un truculent Léo Fernique, contre-ténor engoncé dans un tailleur.

Avec une distribution assez homogène, les jeunes chanteurs de l’académie de l’Opéra de Paris brillent par leur maturité, notamment Alejandro Baliñas Vieites dans le rôle du philosophe Sénèque, dont le timbre de basse a une très belle profondeur, ainsi que la mezzo Marine Chagnon dans le rôle-titre de Poppée qui, en plus d’être une excellente comédienne pleine d’assurance et de charisme, chante de manière très équilibrée. Une belle réussite, saluée comme il se doit par une salle sous le charme.

Frédéric Manzini

 

Il Nerone - L’Incoronazione di Poppea

Musique : Claudio Monteverdi

Livret : Giovanni Francesco Busenello
Mise en scène : Alain Françon
Direction musicale : Vincent Dumestre

Avec :
Poppea : Marine Chagnon
Nerone : Fernando Escalona
Seneca : Alejandro Baliñas Vieites
Octavia : Lucie Peyramaure
Ottone : Léopold Gilloots-Laforge
Arnalta : Léo Fernique
Drusilla / Fortuna : Martina Russomano
Amore / Valetto : Kseniia Proshina
Nutrice / Virtu : Lise Nougier
Mercurio / Famigliare di Seneca 3,
Littore / Consoli / Tribuni 2 : Yiorgo Ioannou
Lucano / Soldato 1 / Famigliare di Seneca 1 : Léo Vermot-Desroches
Soldato 2, Famigliare di Seneca 2,
Liberto / Tribuni : Thomas Ricart