GRADIVA

 

Le Montfort
106 Rue Brancion
75015 Paris
Téléphone : 01 56 08 33 88

Jusqu’au 8 octobre 2022

 

Gradiva loupePhoto  Aude Lemarchand

 

La danse est portée non seulement par des musiques, des sons, des rythmes mais aussi par des récits. C’est le cas de Gradiva spectacle conçu, chorégraphié et interprété par Stéphanie Furster. Un double récit qui se croise et se tresse aux aiguilles vives du flamenco. Un récit littéraire d’abord, nouvelle datant de 1903 écrite par l’écrivain allemand Wilhelm Jensen, raconte l’histoire un peu fantastique d’un homme qui, fasciné par la silhouette sculptée de Gradiva, se croit attiré amoureusement par elle à travers les siècles. Cette sculture grecque ensuite, celle d’une femme de profil qui marche. Gradiva signifie en latin : « Celle qui marche ».

Le troisième récit qui forme la trame de ce spectacle est le flamenco. Une danse que Stéphanie Furster pratique, étudie et dissèque depuis des années. Elle-même est fascinée par cette danse sensuelle qui semble capable de créer des apparitions, des débordements d’émotions, de transes comme si en réalité « la danseuse de flamenco n’existait pas vraiment ».

Dans une tenue sobre, pantalon et chemisier noirs, Stéphanie Furster commence son spectacle en nous racontant ces récits, qui en sont la genèse. Micro en main, elle est narratrice arpentant l’avant-scène devant un immense carré de plancher. Elle esquisse le parcours de son interrogation de la femme qui marche à la femme qui danse. Et elle avoue sur elle-même : « Je ne savais pas marcher alors j’ai appris à danser. »

Le second temps du spectacle se situe en fond de scène, derrière le grand plancher de danse. À contre-jour, la danseuse n’est qu’une silhouette noire. Son profil se découpe sur le mur du fond. Elle marche, se retourne, esquisse des grands gestes géométriques qui reprennent des postures que retrouve dans les céramiques des poteries grecs ou dans les dessins de l’égypte antique. C’est comme un alphabet de corps qui traverse ainsi le temps jusqu'à nous.

Enfn, le troisième temps arrive. Il se déroule sur le parquet. Stéphanie Fuster commence par exprimer les principes du flamenco en espagnol puis en français. Chaque partie du corps a ses règles. Les mains, les poignets, la tête, les hanches, le ventre, les pieds, toutes les postures, tous les sens sont déclinés avant qu’elle ne commence la danse. Entre frénésie et moments presque ralentis où le geste se fait précis, ce sont des prouesses d’exécution, une vitesse rythmique des pieds impressionnante, qu’un jeu avec un séquenceur rend encore plus perceptible. La danse elle-même devient alors maîtresse du rythme et de la musique.

C’est une belle performance, mais surtout une belle recherche de sens au-delà de la beauté du geste, car à travers ce spectacle c’est le mouvement, la femme en mouvement que Stéphanie Fuster célèbre, la femme en marche, en danse, en liberté.

Bruno Fougniès

 

Gradiva

Conception, chorégraphie et interprétation Stéphanie Fuster

Mise en scène Fanny de Chaillé
Assistant à la mise en scène Christophe Ives
Collaboration artistique Clémence Coconnier
Conseil danse Juan Carlos Lerida
Musique José Sanchez (musiques additionnelles :S. Scodanibbio, da « Quattro pezzi spagnoli »: F. Sor: Studio op. 35 n°22, Quartetto Prometeo, ECM Records / Manolo Caracol : La Niña de Fuego / Niño de Elche et Jose Sanchez : Pas à pas - Strates)
Direction technique et création lumière Arno Veyrat
Régie générale et lumières David Løchen
Régie son Stéphane Ley
Construction décor Cyril Turpin
Production / diffusion Marie Attard / Playtime