Entête

MON PÈRE CET ARABE

 

Artéphile
7 rue du Bourg Neuf
84000 – Avignon

à 17h05

du 5 au 26 juillet

Relâche les 6, 13 et 21 juillet

 

loupe 

 

Un spot braqué vers un impressionnant burnous et le décor est monté. Ce vêtement représente déjà, à lui tout seul, des assentiments ou pas du tout, des interrogations voire du dédain mais ne laisse pas indifférent.

Tout doucement, une insignifiante et minuscule secrétaire commence à nous parler de théâtre, de tragédie classique et de déclamation. Linda Chaïb déclame avec puissance, passion et justesse. Ses paroles sont affûtées comme une flissa, douces comme du miel et nous transportent dans son monde. Son monde, elle ne le connaît pas vraiment, mais l'ouverture de la vieille valise de son père devient l'ouverture de sa boîte de Pandore. Son père a laissé sa santé et sa vie dans un travail ingrat, exploité pour son pénible labeur avec l'amiante.

Un Arabe exploité, insulté et maltraité mais qui reste docile, c'est tout ce qu'on lui demande. Il courbe l'échine en disant que c'est dans l'ordre des choses, on ne peut rien faire, c'est ainsi et ils sont chez eux. Une profonde réflexion : « C'est où chez nous ? » « Retournez chez vous ! », « Comment l'expliquer à ces neuf enfants ? ».

Mon père, c'est un Arabe et les gens ne comprennent pas qu'il puisse éprouver de la tendresse vis-à-vis de son épouse, ni du reste d'ailleurs, sales bougnoules...

Comment comprendre que la blouse blanche de l'hôpital puisse le déshonorer, lui, le travailleur forcé laissé mourir. Il est parti, sa femme et ses enfants à côté, la mort commence son œuvre par les pieds, dit-elle.

Un spectacle d'une grande puissance où Linda Chaïb nous parle de son père, un devoir de mémoire entre autres. On est très touché par ses paroles, un distillat non pas de rancœurs mais de faits. Le racisme est bien évidemment mis en exergue mais pas que : la reconnaissance des victimes de l'amiante, les conditions de travail, de vie des ouvriers font partie de ce spectacle extrêmement puissant.

On y retrouve aussi l'intimité d'une vie de famille, de la pauvreté, de l'insouciance des ados. Les rapports entre filles et ce père soumis qui lutte contre la maladie pour sa famille.

À voir absolument, pour tous, peut-être nous remettre le nez dedans, encore un coup des Arabes...

Il n'y a aucune provocation mais un magnifique état des lieux où l'humour n'est jamais très loin !

Linda Chaïb a un palmarès impressionnant tant au cinéma qu'au théâtre ; particulièrement remarquée par sa voix, son timbre et sa prononciation.

Dominique Mesle

 

Mon père cet Arabe

Texte de Linda Chaïb

Avec Linda Chaïb

Mise en scène de Kheireddine Lardjam