PLEURAGE ET SCINTILLEMENT
Teatro Astra
Turin
Un bar. Des dizaines de chaises éparses, comme après un bal. Un homme ivre, qui titube, rampe, se bat avec les chaises, rit sans raison apparente. Une femme serrée dans un trench rouge, toute mouillée de pluie.
Voilà le départ d’une rencontre dont on ne saura jamais si elle est réelle ou fantasmée, une rencontre entre un homme et une femme qui se cherchent, se trouvent pour mieux s’éloigner ensuite. Un duo improbable, entre ralentis sublimes comme le pleurage (déformation en ralenti du son) et accélérés effervescents comme le scintillement (déformation en accéléré du son).
Une pureté et une perfection des gestes qui se suffisent à eux-mêmes rendant inutile toute parole, faisant regretter les quelques passages parlés qui rompent le charme.
Car le visuel est exceptionnel.
Des pas de danse avec notamment une parodie hilarante sur la chanson de Françoise Hardy Tous les garçons et les filles ou dans un tango revisité. De la musique, du Purcell ou des chansons populaires, un Blue Moon d’anthologie au synchronisme parfait. Des corps qui s’abandonnent, s’étreignent, se repoussent, s’empoignent, s’esquivent. Sincérité, illusion et fragilité des sentiments.
Dans un univers à la Cassavetes qui transpire la nostalgie, Jean-Baptiste André et Julia Christ déploient tout leur talent de danseur, acrobate, gymnaste, clown, dans des chorégraphies magnifiques de grâce puissante et de fluide technicité, d’un esthétisme parfait et d’une émouvante beauté qui fait parfois monter les larmes aux yeux.
Nicole Bourbon
Pleurage et scintillement
Conception et interprétation : Jean-Baptiste André et Julia Christ
Dramaturgie : Michel Cerda
Collaboration artistique : Mélanie Maussion
Scénographie : Alain Burkarth
Création lumière : Marc Moureaux
Création costumes : Charlotte Gillard
Pleurage et scintillement (PDF)
Mis en ligne le 1er août 2015