COMME UN DERNIER DÉSIR DANS L’AIR BLEUI
Théâtre de l’Optimist
Rue Guillaume Puy
84000 Avignon
Le 26 et 27 septembre 2025 à 19h30
Ce soir-là, au théâtre de L’Optimist, l’ouverture de saison s’est teintée d’un parfum de retrouvailles et cela fait du bien. La proximité entre scène et public crée aussitôt une intimité propice à la rencontre et au partage
Ces 26 et 27 septembre 2025, l’espace a vibré au rythme des mots de Blaise Cendrars et de la mémoire d’Ossip Zadkine, réunis dans une lecture-spectacle au titre évocateur : Comme un dernier désir dans l’air bleui.
Sur le plateau dépouillé, le comédien Olivier Pauls et le musicien Bruno Grégoire font corps avec le texte. Trois mouvements scandent cette traversée : l’évocation d’une enfance marquée par les choix de Zadkine, la plongée dans le Transsibérien de Cendrars, puis le retour amer d’une génération fracassée par 14-18.
Zadkine, sculpteur majeur du cubisme, voyait son œuvre comme une révolte contre les brutalités du siècle. Le rappeler aujourd’hui, alors que le monde bruisse à nouveau de conflits, confère au spectacle une résonance particulière. Quant au poème épique de Cendrars, écrit à la veille de la Première Guerre mondiale, il garde intacte sa puissance visionnaire : voyage réel et mental, traversée de l’immensité russe et de l’âme humaine, il dit à la fois l’élan et la perte.
La mise en voix d’Olivier Pauls, choisit l’engagement total. Parfois au prix d’une gestuelle appuyée, qui peut sembler souligner trop lourdement ce que le texte dit déjà avec force. Mais on ne peut nier la sincérité, ni l’énergie avec laquelle il porte la langue incandescente de Cendrars. La musique de Bruno Grégoire, discrète mais précise, ouvre des respirations sonores, comme des haltes au bord de la voie ferrée.
On sort de cette soirée avec le sentiment d’avoir accompagné deux artistes, Zadkine et Cendrars dans leur quête d’expression face aux bouleversements de leur temps. Et d’avoir entendu, à travers eux, un écho troublant de notre présent.
On ressort de cette soirée avec le sentiment d’avoir voyagé à la fois dans l’Histoire et dans l’imaginaire. Zadkine et Cendrars, convoqués sur cette petite scène, y trouvent une résonance inattendue, presque nécessaire.
Une ouverture de saison qui donne envie de revenir. Tout n’est pas toujours parfaitement maîtrisé, une emphase parfois trop visible, mais la sincérité du propos balaie ces excès. Ce détour par Cendrars et Zadkine rappelle qu’un simple pupitre et une conviction peuvent suffire à captiver une salle entière.
Fanny Inesta
Comme un dernier désir dans l’air bleui
Comédien et musique Olivier Pauls et Bruno Grégoire
Mis en ligne le 7 octobre 2025
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