HIVERNALES CENTRE DE DÉVELOPPEMENT CHORÉGRAPHIQUE
18, rue Guillaume Puy
84000 Avignon
Tél : 04 90 82 33 12

Jusqu’au 20 juillet à 17h30

Un titre énigmatique pour un spectacle qui lui ne laisse aucun doute sur le sens qu’il porte. Ce solo de danse chorégraphié et interprété par Bouziane Bouteldja est une confidence intime, quelque chose de très personnel, une presqu’autobiographie de son enfance.

En fait, tout le spectacle est un message à la mère du chorégraphe. Un dialogue qu’il échange avec elle. Un dialogue entre un fils et une mère. Un fils d’origine algérienne devenu danseur et une mère qui comme toutes les mères veut pour son enfant une belle vie qu’on pourrait résumer par : un vrai métier, une femme, des enfants.

Mais là où le propos du spectacle quitte l’ordinaire, c’est lorsque se rajoute la religion à ce cocktail éducatif. Une religion musulmane à la morale sévère, aux règles strictes.

Voilà le centre du spectacle, voilà aussi la révolte de Bouziane Bouteldja.

C’est par le corps que cette colère s’exprime : et c’est le corps qui souffre et se révolte lorsqu’une morale religieuse trop sévère le frustre ou le castre. Un corps qui lutte contre la mécanique effroyablement répétitive de la pratique religieuse en laissant parfois échapper une sensualité presque féminine.

La scénographie ajoute encore à cette lutte contre soi-même. Un immense rideau de fils blanc couvre tout le fond du plateau. Des projections immenses viendront jeter une démesure qui rendra fragile le danseur.

Au sol un tapis noir verni reflète la lumière comme le ferait la surface d’un plan d’eau. Toutes les figures, et spécialement les figures au sol inspirées du hiphop, deviennent double. Et c’est une danse à deux qui apparaît alors, la lutte d’un corps avec lui-même.

Parfois, l’œil s’attache au reflet du danseur et l’on a l’impression que c’est ce reflet qui donne l’impulsion des mouvements, que c’est lui qui mène la danse.

On ressent tout au long de ce spectacle, une fragilité vraie, une timidité dans cette déclaration à une mère, une maladresse, comme si ce fils allait sur la pointe des pieds revendiquer sa liberté face à l’intransigeance religieuse avec la peur de décevoir au ventre et l’espoir d’être accepté plein la tête extrayant cette fois du mot réversible le son rêve.

Bruno Fougniès

Réversible

Direction artistique et chorégraphie Bouziane Bouteldja
Collaboration artistique scénographie Gilles Rondot
Musique Arnaud Vernet Le Naun
Création vidéo Juan Luis Doggy
Création lumière Catherine Chavériat
Regard sur la danse David Gaulein-Stef
Direction d’acteur Coralie Emilion
Assistée de Lise Schreiber

Avec : Bouziane Bouteldja 

Réversible (PDF)