BUFFON THÉÂTRE
18, rue Buffon
84000 Avignon
04 90 27 36 89 / 04 90 27 36 89

19h50

Quelque part sur un chemin de province traversant une forêt, avance tant bien que mal un grand carrosse, tiré-poussé par un improbable trio chamailleur : le maître, Saverio, et ses deux serviteurs. Et d’emblée, la savoureuse musicalité de leurs accents italiens nous insufflent des petits airs de "dell’arte".

Las ! la situation est grave, ils sont en retard, embourbés, cassent une roue, et en plus, ils n’ont plus d’argent. Voilà le sort des saltimbanques qui mènent la vie de bohème.

De cette curieuse boîte à malices qu’est leur carrosse sort, à contrecœur, la jolie femme du maître. Contrariée, elle demande avec insistance à son mari quelle est la cause de sa mauvaise humeur, alors il finit par lui avouer qu’il est en panne d’inspiration. Ce qui est dramatique, car il leur faut absolument une nouvelle pièce de théâtre à jouer devant la cour du Duc. C’est leur unique salut et leur seule chance de se renflouer. Or, la concurrence est bien rude : ils craignent notamment celle de Jean-Baptiste (que nous devinons Poquelin…).

En tout cas, les voilà bloqués en attendant de faire réparer la roue, lorsqu’ils trouvent dans les buissons un couffin avec un étrange bébé et une lettre écrite par sa pauvre mère pour expliquer l’horreur de son abandon. Cette lettre agit comme un déclic sur Saverio, qui retrouve son inspiration et écrit leur nouveau spectacle en une nuit. Dès le lendemain, ils commencent les répétitions. Là, les rôles sont inversés, le maître devient valet, les serviteurs princes et rois. Rivalité, trahison, assassinat, amour non partagé, passion et "tutti quanti", le tout rocambolesque à souhait, saupoudré de comique de situation et d’expression, voilà les ingrédients magiques qui nous maintiennent en une haleine hilare heureuse du début à la fin.

Les comédiens sont merveilleusement crédibles à jouer le théâtre dans le théâtre. Chacun de leurs personnages devient réel, chaque facette qu’ils nous montrent est juste, chaque sentiment qu’ils expriment fait mouche. Ils enchaînent les répliques et les changements de costumes et de décor avec une dextérité millimétrée. Ma che meraviglia sono !

Bravissimo en particulier à Ciro Cesarano, qui fait le grand écart en jouant, avec une sensibilité toujours aussi émouvante et touchante, le roi obèse, tyrannique, fratricide, machiavélique, obsédé, et le serviteur humain et généreux.

Le rythme est soutenu, la structure est solide, elle tient la route. Elle tient aussi bon que ce drôle de carrosse qui se transforme de roulotte en chambre, en palais, en chapelle, en crypte, en tour de château, en scène de théâtre…

Au fait, ce carrosse fut conçu par Fabio Gorgolini, qui a mis en scène, a écrit la musique, a coécrit cette pièce et y joue aussi Saverio, qui dit : « Un bon comédien doit savoir tout faire ! » Absolument.

Eh bien, comme c’est parfaitement le cas de ces quatre là, nul doute que nous sommes fins prêts à partir et à rire aux éclats avec eux, à fond !

Luana Kim

Prêt à partir

De : Fabio Gorgolini et Fabio Marra
Mise en Scène : Fabio Gorgolini

Avec : Ciro Cesarano, Laetitia Poulalion, Paolo Crocco, Fabio Gorgolini

Lumières : Orazio Trotta
Costumes : Virginie Stuki
Décor : Jipanco Atelier
Musiques : Fabio Gorgolini

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