NUIT GRAVEMENT AU SALUT
THÉÂTRE La LUNA
1, rue Séverine
84000 Avignon
04 90 86 96 28
14h20
Férocité et cynisme sont les maîtres mots de cette pièce tirée d’un roman de Henri-Frédéric Blanc, auteur également de Les pourritures terrestres, La mécanique des anges ou encore Jeu de massacre pour n’en citer que quelques uns, porteur d’une œuvre sombre décrivant un monde déshumanisé mais qu’il traite par la farce.
C’est ici le cas avec un duel verbal entre une femme auteur et son éditeur qui se retrouvent dans un restaurant. Elle a besoin d’argent pour faire opérer son fils, lui ne pense qu’à la mettre dans son lit. On devine évidemment l’odieux chantage auquel il va se livrer.
Une passe d’armes d’un cynisme absolu qui dénonce au-delà du thème tous les abus de pouvoir et les rapports dominant-dominé même si parfois le gagnant n’est pas forcément celui qu’on croit.
Comme toujours avec Henri-Frédéric Blanc, la cruauté du propos est contrebalancée par l’humour. C’est le rôle ici du maître d’hôtel de faire diversion pour alléger une atmosphère qui aurait pu vite devenir pesante. Pierre-Michel Dudan s’acquitte de la mission avec brio, déroulant avec un art consommé ses réparties savoureuses de sa belle voix de baryton, poussant même un air d’opéra dans l’hilarante scène du dessert.
Ludovic Laroche qui signe également l’adaptation et la mise en scène campe un personnage certes odieux mais lui confère avec subtilité toute une gamme de sentiments et d’attitudes.
Stéphanie Bassibey, sages cheveux tirés mais décolleté généreux, apporte quant à elle séduction et rouerie toute féminine à son personnage.
Tout fonctionne à merveille, les rires sont nombreux ainsi que les interjections interloquées qui ponctuent ce climat de grande cruauté bien cachée sous une apparente élégance jusqu’à une fin surprenante.
Nicole Bourbon
Nuit gravement au salut
De Henri-Frédéric Blanc
Adapatation et mise en scène : Ludovic Laroche
Avec : Stéphanie Bassibey, Pierre-Michel Dudan, Ludovic Laroche
Lumières Christian Drillon
Costume (robe) Claire Djema
Mis en ligne le 18 juillet 2015