NOIR DE BOUE ET D’OBUS
THÉÂTRE GOLOVINE
1 bis, rue Sainte Catherine
84000 Avignon
04 90 86 01 27
14h30
Attention chef d’œuvre chorégraphique mais pas seulement...
La Compagnie Difé Kako frappe en plein cœur et nous laisse à la sortie K.O. debout !
Avec ce ballet éblouissant, Chantal Loïal fait émerger et palpiter l’Histoire, celle que personne n’apprend vraiment à l’école, celle vécue par des Humbles dont l’héroïsme fut rapidement jeté dans l’oubli.
Entre 1914 et 1918, venus de toutes les colonies françaises (Afrique Noire, Afrique du nord, Madagascar, Antilles-Guyane, Indochine...) et de métropole, des hommes se sont rencontrés dans la boue des tranchées, ont fraternisé dans la souffrance des combats, se sont unis avec courage contre un ennemi dont ils ignoraient tout, pour défendre une Mère-Patrie qui ne les célébraient que comme chair à canon.
« L’âme » de la guerre c’est avant tout le corps : des corps qui marchent au son de fanfares et de chants militaires, des corps qui se disciplinent au maniement des armes, des corps aux aguets qui courent, rampent, tournoient, se tordent de douleur, frissonnent de terreur et sont parfois secoués par des crises de folie. Des corps qui s’écroulent sur des milliers de corps gisants.
Après les combats, les moments de récupération, quelques instants pour redevenir soi-même et créer des moments de partage, rire ensemble et retrouver un peu de ses racines en jouant la musique et les danses de son village.
Pourtant, même dans les repas pris en commun, la hiérarchie des couleurs de peau et de cultures continuent de se fait sentir : certains hommes bénéficient de viande, d’autres pas !
La bande sonore et musicale (Pierre Boscheron) travaillée en forme d’archives de l’époque nous fait vivre en direct certains épisodes cruciaux de ce désastre mondial : discours du général Mangin, exécutions arbitraires – pour l’exemple – de soldats condamnés pour manque d’ardeur au combat, lettres des familles...
Un grand coup de chapeau aux quatre danseurs (Delphine Bachaou, Mariane Diedhiou, Alseye Ndao, Julie Sicher) dont la virtuosité laisse pantois et rend heureux.
Merci à ce spectacle qu’il faut voir et revoir pour ne jamais oublier et, peut-être, empêcher que se reproduise ce qu’ont vécu nos arrière-grands-parents…
Nadia Baji
Noir de boue et d’obus
Compagnie Difé Kako
Création/ mise en scène/chorégraphie : Chantal Loïal
Assistante chorégraphique : Julie Sicher
Avec : Delphine Bachaou, Mariane Diedhiou, Alseye Ndao, Julie Sicher
Création sonore : Pierre Boscheron
Création lumière et vidéo : Stéphane Bottard
Costumes : Michèle Sicher
Texte : extrait de voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline
Mis en ligne le 17 juillet 2015