MILAREPA
Le Petit Louvre
23 rue Saint-Agricol
84 000 Avignon
Du 4 au 26 juillet à 15h25 (relâche le 20 juillet)
Milarepa est un saint tibétain qui vécut au XIème siècle. Son histoire raconte la manière dont il a été spolié de sa fortune à la mort de son père, par son oncle Svastika, puis la manière dont il se vengea grâce à la magie noire et enfin, comment il suivit ensuite les préceptes d’un moine illustre de l’époque pour finir ermite adulé.
Éric Emmanuel Schmitt s’est emparé de ce récit pour écrire sa pièce mais il place le propos dans la bouche de Simon, un parisien banal vivant à Montmartre à notre époque. Simon est envahi par les rêves. Le rêve. Toujours le même. Mais un rêve qui évolue, qui s’intensifie jusqu’à devenir le double de son existence. Au point que Simon se persuade assez vite qu’il est la réincarnation de l’oncle de Milarepa.
Pour s’échapper du cercle infernal des réincarnations, celui-ci doit raconter l’histoire des deux hommes, Milarepa et son oncle. Les raconter mille fois. Voici le prétexte du spectacle.
Toute la pièce est un exercice de funambule entre les deux personnalités de Simon, entre le réel d’un bar de Montmartre et les paysages montagneux où se déroule l’histoire de Milarepa. Ici, le conte sert de passerelle pour relier les deux mondes et pour faire de l’initiation du jeune moine une révélation songeuse pour l’univers cartésien qui conduit notre siècle.
Stanislas Grassian ajoute dans sa mise en scène une comédienne et un comédien qui incarnent certains des personnages évoqués dans la pièce ainsi qu’un jeu un peu naïf de projection vidéo qui souligne certains épisodes dans un esprit bande dessinée qui allège un propos qui n’en a pas vraiment besoin car l’épopée de ce jeune moine est passionnante en elle-même.
Pourtant, ce choix de ne pas se cantonner au monologue est intéressant pour créer l’illusion qui est l’un des centres de cette histoire. Une illusion rendue tout à fait crédible par le jeu d’Emmanuel Vacca. Comme possédé par le personnage dont il rêve ou qui le rêve, il module sa voix et ses gestes. Puis soudain, il réapparaît, comme lors d’un brusque réveil, au personnage brave et simple de Simon.
Slimane Baptiste Berhoun et Séverine Poupin Vèque jouent eux aussi deux très belles partitions.
Voilà un voyage spirituel sous le signe de la fantaisie et de l’aventure qui, presque sans artifice, fait rêver à d’autre possibles.
Bruno Fougniès
Milarepa
Texte d’Eric Emmanuel Schmitt
Metteur en Scène Stanislas Grassian
Scénographe Sandrine Lamblin
Créateur lumières Nicolas Gros
Costumes Alice Touvet
Vidéos Alexandre Legallais et Teva Zanghi
Avec : Emmanuel Vacca, Slimane Baptiste Berhoun, Séverine Poupin Vèque
Mis en ligne le 30 juin 2015