LE PRINCE TRAVESTI
Le CHÊNE NOIR
8 bis, rue Sainte-Catherine
84000 Avignon
04 90 82 40 57
18h45
Quelques quarante ans après, Daniel Mesguich monte de nouveau Le prince travesti de Marivaux.
Est-ce notre époque trouble ou la maturité venant ?
Cette version là nous restitue davantage le Marivaux journaliste témoin des changements de son siècle que le narrateur plus frivole des amours légères.
Car outre la romance des sentiments, c’est tout un monde qui apparaît ici, celui de Marivaux qui était en train de changer avec l’arrivée des billets de banque et de la spéculation financière, de la publicité et de la mode dans ce premier tiers du XVIIème siècle.
Toutes les relations humaines et tous les idéaux politiques sont gangrenés par la peur et la corruption car au palais de la princesse, tout s’achète et tout se sait. Ce Prince là est une pièce politique, et Mesguich choisit une mise en scène qui en restitue toute la violence. Tout y est excessif avec des éclats de voix, des maquillages baroques, des costumes lourds et somptueux, des silences et des noirs comme des flashes qui interrompent les répliques tandis que roule le tonnerre dans un décor en miroirs et boiseries qui ferment l’espace.
Pas de badinages amoureux frais ou légers. Tous les ressorts dramatiques sont exposés, cruauté, menaces de guerre, alliances forcées dans une tension oppressante.
La fin est superbe avec l’apparition dans une boîte du décor et des personnages semblant nous dire : « Nous ne sommes que des marionnettes. »
Une version audacieuse qui surprend et ne fera certainement pas l’unanimité. Mais indubitablement un grand moment de théâtre.
Nicole Bourbon
Le prince travesti
De Marivaux
Metteur en scène : Daniel Mesguich
Assistante à la mise en scène : Delphine Touchet
Avec : Sarah Mesguich, Sterenn Guirriec, Grégory Corre, William Mesguich, Alexandre Levasseur, Rebecca Stella, Alexis Consolato
Costumes : Dominique Louis
Décor : Camille Ansquer
Lumières : Jean-Luc Chanonat
Son : Franck Berthoux
Maquillage : Eva Bouillaut
Régie : Angélique Bourcet
Mis en ligne le 8 juillet 2015