LE DERNIER JOUR D'UN(E) CONDAMNÉ(E)

THÉÂTRE DES CORPS SAINTS
76, place des corps saints
84000 Avignon
04 90 16 07 50

11h00

Le dernier jour d'un(e) condamné(e

 

Voilà une expérience très intéressante et enrichissante de voir ce texte de Hugo deux jours de suite, interprétation masculine hier et féminine aujourd’hui.

Si celle de Stéphane Dausse hier était magistrale et impressionnante, celle de Lucilla Sebastiani aujourd’hui l’est tout autant bien que dans un registre totalement différent.

C’est un véritable maelstrom d’émotions que la comédienne projette sur nous, toute une gamme qu’elle exprime intensément par l’intonation de la voix, le corps tout entier tendu ou affaissé et surtout dans le regard même où l’on voit passer tour à tour l’incompréhension, la colère, la peur, l’indignation, la souffrance, l’espoir et le désespoir.

On est touché au cœur et l’on saisit bien ce que pouvait avoir de cruel et d’inhumain ce châtiment indigne.

« Ils disent que ce n'est rien, qu'on ne souffre pas, que c'est une fin douce, que la mort de cette façon est bien simplifiée.
   Eh ! Qu’est-ce donc que cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour ? Qu'est-ce que les angoisses de cette journée irréparable, qui s'écoule si lentement et si vite ? Qu'est-ce que cette échelle de tortures qui aboutit à l'échafaud ?
   Apparemment ce n'est pas là souffrir. »

La mise en scène minimaliste – comment pourrait-il en être autrement avec un texte aussi fort qui n’a nul besoin qu’on en rajoute – fourmille cependant de petites touches bien trouvées, une bande son qui nous place au cœur du drame avec le coup de marteau qui ponctue la sentence, les cloches qui égrènent le temps qui passe, les mille bruits de la prison, « du pas lourd et des souliers ferrés du guichetier, du cliquetis de son nœud de clefs, du grincement rauque des verrous », et les cris de la foule venue en nombre assister au spectacle. Et la prisonnière qui, trouvant au sol un morceau de craie, trace à grandes lettres le prénom de sa fille et le dessin de la guillotine. Et les jeux de lumière créant un rayon de soleil ou la clarté qui passe par une fenêtre.

Un spectacle indispensable pour que jamais ne revienne la tentation de la peine de mort, qui nie la notion même d’humanité et rend la société criminelle à son tour, et dire, écouter ou relire ces mots de Victor Hugo :
« Et puis, ce que j'écrirai ainsi ne sera peut-être pas inutile…Cette histoire, nécessairement inachevée, mais aussi complète que possible, …ne portera-t-elle point avec elle un grand et profond enseignement ? N'y aura-t-il pas dans ce procès-verbal de la pensée agonisante, dans cette progression toujours croissante de douleurs, dans cette espèce d'autopsie intellectuelle d'un condamné, plus d'une leçon pour ceux qui condamnent ? Peut-être cette lecture leur rendra-t-elle la main moins légère, quand il s'agira quelque autre fois de jeter une tête qui pense, une tête d'homme, dans ce qu'ils appellent la balance de la justice ? » 

Nicole Bourbon

 

Le dernier jour d'un(e) condamné(e)

de Victor Hugo
Adaptatrice : Florence Le Corre 
Mise en scène : Pascal Faber, Christophe Borie 

Avec Lucilla Sebastiani 

Créateur Lumière : Sébastien Lanoue 
Producteur : Serge Paumier 
Créatrice sonore : Jeanne Signé 
Costumière : Madeleine Lhopitallier 

 

Le dernier jour d'un(e) condamné(e) (PDF)

 

Mis en ligne le 16 juillet 2015

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