Le CHÊNE NOIR
8 bis, rue Sainte-Catherine
84000 Avignon
04 90 82 40 57

13h30

Quelle belle surprise ! Non pas que je mette en doute les qualités d’écriture d’Éric Assous mais, attirée davantage par le sujet de la pièce que par le nom de l’auteur à succès, je n’étais pas tout à fait sûre de mon choix. D’autant plus que le thème, quelque peu subversif, relevait plus d’un fantasme à moitié avouable que d’un critère « honorable ». Cette curiosité coquine et basique allait elle s’avérer judicieuse ? Et au vu de la prédominance du sexe féminin dans la salle, je ne semblais pas être la seule dans mon cas.

Mais, trêve de balivernes, venons en au postulat qui avait rempli la salle ce jour là. Donc, une femme élégante, seule dans un bar d’hôtel (sa copine lui a fait faux bond), se fait aborder par un inconnu. Jusqu’ici, rien d’original ! Mais, là ou cela se corse c’est quand l’homme, à qui elle semble plaire, lui demande « combien elle prend ? ». Voilà, c’est dit !

Eh bien, à partir de cette situation cocasse et inattendue, Éric Assous a écrit un monologue désopilant et très fin sur les affres que peut traverser une femme, mariée depuis vingt ans et mère de famille, en pareilles circonstances. De la stupéfaction à la tentation en passant par toute la panoplie de réflexions intimes et légitimes que l’on imagine, l’auteur réussit l’exploit de formuler, avec un humour désarmant, toutes les émotions et les pensées qui surgissent, simultanément à l’évolution dramaturgique, dans la tête du public et à fortiori dans celle de son héroïne ! Un vrai télépathe !

Et, moi de m’extasier, une fois de plus, sur la capacité de certains auteurs masculins à pénétrer aussi subtilement le cerveau féminin ! Avec, en prime pour Éric Assous, le don de la réplique qui percute et qui suscite l’éclat de rire. Faut dire qu’il est aidé dans la tâche par une formidable comédienne, Véronique Boulanger, plus vraie que nature. « Dans le couple, c’est autant l’absence de communication que l’excès qui mène au divorce », déclare-t-elle au moment de « plonger » en ponctuant candidement « qu’un mari n’est pas un confident ». Enfin, hommage à Anne Bourgeois, la metteur en scène de talent souvent à l’affiche de pièces de qualité. « Dans mes mises en scène, je m’attache particulièrement à la construction des personnages et à la direction d’acteur». Tout est dit, là où il y a cohérence et sincérité, tout passe !

Mesdames courez-y, vous ne serez pas déçues ! Quant aux messieurs, si vous ne craignez pas de connaitre les méandres du cerveau féminin, courez-y aussi, vous ne serez pas déçus non plus !

Patricia Lacan-Martin

La femme de l’hôtel Michel-Ange

De Éric Assous

Avec Véronique Boulanger

Mise en scène : Anne Bourgeois
Lumière : Jean-Luc Chanonat

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