ARTÉPHILE
5 bis, rue du Bourg Neuf
84000 Avignon
04 90 03 01 90

19h15

Puis à la Comédie Bastille à la rentrée

 

 

Une lumière au gaz blafarde éclaire l’intérieur d’une maison londonienne. Une silhouette étrange coiffée d’un haut de forme et d’une cape noire apparait l’espace d’un instant colorée par une musique inquiétante. L’image est furtive mais l’on comprend que le mal va prendre possession des lieux. Nous sommes à l’époque victorienne dans la demeure de l’honorable docteur Hyde, éminent chercheur, fasciné par la  dualité entre le bien et le mal qui couve au fond de l’âme de chaque être humain.

Face au public, devenu parterre de chercheurs, psychiatres et autres spécialistes de la médecine, Jekyll entame une conférence habitée par ses convictions de pouvoir scinder cette partie sombre de l’homme. Aucun rat n’ayant résisté à ses expériences, il quémande à ses confrères sceptiques et qui le lâchent un par un de lui confier un cobaye humain perdu par la science.

Rentré chez lui, déçu et outragé par cet échec, obsédé par sa trouble et double personnalité, il ingurgite la drogue qu’il a mise au point pour séparer son bon côté de son mauvais. Nous sommes dans la parfaite adaptation de la nouvelle de Robert Louis Stevenson écrite en 1886.

Une adaptation plus que réussie à bien des points. D’abord par l’écriture élégante et claire de Pascal Salaün, une sorte de symphonie des mots, mélange de modernité tout en gardant la distinction du phrasé de cette époque. Par l’interprétation de Pierre Azéma totalement habitée par son personnage qui ne lâche rien dans ce duel sans merci. On sent derrière tout cela une rigueur de chaque instant afin que le vice qui l’habite ne dévore pas son autre personnalité si différente. On assiste aux douleurs de ce corps qui se transforme sans jamais trop en faire, le juste milieu a été trouvé. Hyde le monstre a été parfaitement campé par le comédien et c’est un autre personnage arrogant, violent, sans état d’âme, qui se laisse aller à ses pires démons. Un décor approprié, une mise en scène d’une précision de joaillier, une ambiance sombre et oppressante font de ce spectacle une très belle réussite. Il sera programmé à Paris dès la rentrée à Comédie Bastille.

À ne surtout pas manquer.

Patrick Rouet

 

Jekyll & Hyde

de Robert L. Stevenson.
Adaptation : Pascal Salaun
Mise en scène : Pierre Azema et Bénédicte Bailby

Avec : Pierre Azema

Costumes : Nathalie Vignon
Lumières : Sébastien Lanoue

Jekyll & Hyde (PDF)