BARBE BLEUE
Théâtre des CARMES ANDRÉ BENEDETTO
6, place des Carmes
84000 Avignon
04 90 82 20 47
18h00
Les livres d’Amélie Nothomb, avec leurs nombreux dialogues et leurs personnages bien dessinés, semblent faits pour le théâtre.
Gérald Aubert en fait une adaptation intéressante, intelligente et subtile, élaguant de ci, simplifiant de là, réduisant les nombreux personnages à trois, la jeune femme Saturnine, le riche propriétaire don Elemirio Nibal y Milcar et un serviteur.
Si on retrouve les noms fantaisistes chers à l’auteur de Stupeurs et tremblements, des personnages étranges, son raffinement, reste essentiellement la joute verbale entre les deux protagonistes principaux, un savoureux duel où les caractères se dessinent et qui parle avec la précision d’un scalpel d’amour, de mort, d’assassinat, de folie, de religion car l’homme est dévot et féru d’Inquisition espagnole.
Pierre Santini dans une mise en scène qui rend parfaitement l’atmosphère du livre, tout en luxe et volupté, est également l’interprète du rôle.
Il lui apporte sa stature, et tout son métier qui parvient à rendre dès le début le personnage de Don Elmirio inquiétant sous une apparente bonhomie.
Face à lui, Charlotte Adrien campe une Saturnine très loin de la sotte imaginée par Perrault.
Avec une douceur non dénuée de fermeté elle tient tête à son adversaire, marquant des points et nous conduisant assez rapidement à deviner la fin. À moins que je n’aie eu cette impression car j’avais lu le livre, c’est possible.
Insensiblement, le rapport de force entre les deux personnages va s’inverser, ce que rend parfaitement le jeu des deux comédiens.
Les costumes servent intelligemment l’histoire et si, comme dans le livre, l’or et le champagne sont les maîtres mots de l’histoire, ils créent une dernière image superbe qui donne un certain éclairage à la fin intrigante du livre.
Nicole Bourbon
Barbe Bleue
D’après le roman d'Amélie Nothomb.
Adaptation Théâtrale de Gérald Aubert
Mise en Scène de Pierre Santini
Avec Pierre Santini, Charlotte Adrien et Xavier de Guillebon.
Mis en ligne le 6 juillet 2015