Ne vous fiez pas à ce titre à l'allure de plaisante littérature enfantine.

Car voilà une histoire d'amour, de mort, de haine, de mensonges, de faux-semblants. L'histoire d'un deuil rendu impossible.

Une pièce forte, violente, dérangeante, marquée de l'écriture coup de poing de l'auteur québécois Michel Marc Bouchard que la mise en scène efficace et très travaillée de Ladislas Chollat épouse parfaitement, s'attachant à rendre au plus juste la complexité des personnages.

Dans une scénographie astucieuse d'Emmanuelle Roy qui réussit à recréer ce huis-clos qui n'en est pas un, magnifiée par des éclairages savamment orchestrés, quatre êtres tourmentés vont évoluer dans les deux sens du terme, se révélant peu à peu au fil des non-dits, des suggestions habiles, de scènes tour à tour brutales, sensuelles, – superbe pas de deux notamment sur une troublante rumba – ou dramatiques. Les deux comédiens Christophe d'Esposti et Daniel San Pedro, respectivement Tom, fragile, perdu, faible et Francis, rustre, violent, frustré, interprètent avec une remarquable intensité ce drôle de jeu où se côtoient et se combattent peur, répulsion et attirance.

Raphaëline Goupilleau, qu'on avait déjà appréciée dans Kalashnikov, incarne avec justesse et charisme une mère bigote, vulnérable et aveuglée jusqu'à la révélation finale où elle fera enfin éclater une émotion jusqu'ici contenue.

Elsa Rozenknop apporte avec grâce et légèreté la touche d'humour nécessaire dans cet univers pesant.

Tout va crescendo jusqu'au final, violent et superbe.

Un spectacle marquant alliant vérité et mensonge, culture et nature, fragilité et brutalité dont on ne sort pas indemne.

 

Nicole Bourbon

 

 

 Tom à la ferme

Michel Marc Bouchard

Avec Raphaëline Goupilleau, Christophe D'Esposti, Daniel San Pedro, Elsa Rozenknop

Mise en scène : Ladislas Chollat
Décor : Emmanuelle Roy
Lumière : Alban Sauve
Costumes : Doby Broda, Christiane Chollat