C'est truffé de numéros classiques comme la main qui disparaît dans la manche du manteau, l'apparition d'un mini accordéon, les chaussures immenses qui s'empêtrent dans tout ce qu'elles rencontrent, la feuille de papier impossible à détacher de la semelle, le pantalon qui remonte jusque sous les aisselles et les inévitables bretelles.

Un clown maladroit, bon enfant, malicieux, capable de mélanger ses bras avec ses jambes et obligé de s'aider de ses mains pour soulever ses pieds quand il veut gravir une échelle de trois marches.

Mais toutes ces acrobaties se déroulent dans un univers de chantier évoqué par un empilement de caisses en bois et ces immenses bobines qui servent à enrouler les kilomètres de câbles sur lesquelles il fait l'équilibriste, s'enroule et s'empêtre.

Un univers noir, moderne, en lisière, comme un clin d'œil peut-être à la crise espagnole de la construction immobilière : des ruines abandonnées qui ne sont que des espoirs en attente.

La  grimace, le rire, les chutes, les facéties, les innocences et la poésie, toute la fantaisie clownesque est là, et puis quelque chose en plus, quelque chose d'un peu plus rugueux, puissant, incisif.

Ce n'est pas avec des ballons multicolores que Toti jongle mais avec des sacs poubelles en plastique noir qu'il gonfle un à un sous nos yeux.

Accompagné d'un acolyte musicien qui joue du violon, du piano et de la scie, contrepoint sévère et flegmatique, Toti nous fait vivre des moments de rire poignant où tremble sous le dérisoire une folle nostalgie d'humanité.

On rit, on est ému, on se dit que le rêve est encore à portée de la main.

 

Bruno Fougniès

 

 

Naïf

De Toti Totonell
Mise en scène El Soldatdet de Plom
M usique Albert Dondarza
Régisseuse Laura Perramon
Lumière et son Goku et Nino Costa
Rréalisation audiovisuelle David Cid
Costumes Carles Solé

Avec

Toti Toronell et Albert Dondarza