L'ÉCUME DES JOURS
Théâtre Le Grand Pavois
Dojo du centre
13, rue de la Bouquerie
84000 Avignon
06 65 61 11 74
15h40
Si vous avez été déçu par le film, courez au Clavel voir l'écume des jours, une adaptation superbe, virtuose, de l'œuvre culte de Boris Vian, portée par une troupe exceptionnelle, la compagnie Charles est stone.
Avec la fougue et l'enthousiasme de la jeunesse, ces cinq là bourrés de talent ont su sans grands moyens retrouvé l'âme et l'esprit de l'auteur, l'atmosphère de l'époque, le style zazou ponctué de classiques du jazz.
Sous l'œil bienveillant du Duke, Chloé, Colin, Chick, Alise et Nicolas vont vivre leurs aventures à la vitesse grand V dans une atmosphère ô combien poétique laissant s'envoler l'imagination du spectateur.
Les séquences s'enchaînent, joyeuses – le célèbre pianocktail, l'apéritif, le gâteau d'anniversaire –, bondissantes – magnifique leçon de biglemoi –, joliment inventives – la conférence de Jean-Sol Partre, l'exécution de l'ordonnance au massicot chez le pharmacien – pour prendre peu à peu une couleur plus dramatique lorsque toute cette jeunesse se heurte au monde adulte, celui du travail, à la maladie et à la mort, mais avec toujours une pointe d'humour sous jacente.
Les comédiens sont complètement habités par leurs rôles avec d'incroyables numéros d'Adrien Neves qui endosse avec aisance tous les personnages secondaires, même la jeune Isis.
Loin du bel objet sans âme de Gondry, cette adaptation nous ballade d'émotions en émotions, dans un fourmillement d'idées démontrant qu'on peut être créatif sans budgets colossaux, faisant une fois de plus la preuve que dans les petites salles on peut découvrir du grand théâtre.
Nicole Bourbon
Merci à vous tous et merci d'avoir introduit dans ce spectacle ce très beau texte :
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
À voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
À chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
Boris Vian
Photo Livia Colombani
L'écume des jours
Auteur : Boris Vian
Adaptation : Vincent Leprette
Mise en scène : Jules Poucet
Scénographie : Leslie Bourgeois
Avec :
Jean-Damien Detouillon : Chick
Nawel Dombrowsky : Alise
Juliette Hebbinckuys : Chloé
Vincent Leprette : Colin
Adrien Neves : Isis - le religieux - Partre - le docteur - le pharmacien - le libraire - le directeur - le policier
Pierre-Emmanuel Parlato, Laurent Vigreux (en alternance) : Nicolas