Vu à  Paris en octobre 2012

 

Amanda Sthers, l'auteur du célèbre « Le vieux juif blonde » commet encore une de ces œuvres fortes et dérangeantes dont elle a le secret.

Elle nous parle ici du dernier tabou qui peut encore exister dans notre société si permissive, l'amour charnel entre un frère et une sœur.

Mais là  rien de vulgaire ni qui inclinerait au voyeurisme le plus abject.

L'histoire nous est contée avec une infinie délicatesse, une grande subtilité, nous promenant sans cesse entre rire et émotion, au gré de répliques incisives qui font mouche, tour à  tour drôles, poignantes ou cruelles.

Il faut dire qu'elle est aussi magnifiquement servie par deux comédiens exceptionnels, aussi superbes dans leur interprétation qu'ils le sont physiquement.

Stanislas Mehrar est un frère à la fois fort et touchant, laissant apercevoir ses failles et ses meurtrissures, dont on comprend aisément qu'on puisse tomber amoureuse comme à  une autre époque toutes les femmes l'ont plus ou moins été de Rhett Butler.

Chloé Lambert incarne la sœur avec une grande justesse. Stricte au début dans son costume classique, s'ennuyant un peu dans une vie bien rangée, elle va voir ses certitudes s'écrouler et transmet ses émotions avec une sensibilité à  fleur de peau.

Tout est mis au service du texte dans ce huis-clos bouleversant : le décor minimaliste – seuls quatre cubes lumineux vont suggérer les trois lieux différents – se déroule l'action, un bar, la salle d'attente d'un notaire, je tairais le dernier pour ne rien déflorer – et la mise en scène sobre de Gérard Gelas qui souligne simplement les sentiments, toute en déplacements subtils, rapprochements, éloignements, frôlements.

Ce quatuor, car ils sont indissociables tous les quatre dans la réussite du spectacle, signe là  une création remarquable dont on ne sort pas indemne car il nous touche profondément.

 

Nicole Bourbon

 

 

Le lien

une pièce d'Amanda STHERS
Mise en scène par Gérard GELAS assisté de Damien REMY

Avec Chloé LAMBERT & Stanislas MERHAR