LB25 : le numéro sous lequel avait été enterrée une jeune prostituée inconnue.

Car c'est de prostitution qu'il s'agit, une prostitution que nous montrent sans voyeurisme tape à l'œil, sans racolage sordide, sans vulgarité de bas étage la comédienne Valérie Brancq et le metteur en scène Olivier Tchang-Tchong.

Car au-delà des gestes humiliants, de la nudité exposée sans fards, c'est de parole qu'il s'agit, la parole de Grisélidis Réal et de Nelly Arcan, toutes deux « putains » mais également écrivaines et qui ont raconté sans voile le quotidien de ces filles de joie dit-on, elles qui en connaissent si peu. Mais aussi qui nous parlent des clients, de ces hommes qu'elles voient si différents de ce qu'ils sont aux yeux du monde, ces hommes qui, plus que par ce qu'ils exigent, les blessent d'un « Je ne voudrais pas que ma fille deviennent prostituée » et qui répondent : « Je suis aussi la fille d'un père !»

C'est bien plus qu'un spectacle, un cri, une rage, un désespoir qu'on se prend en pleine face.

Le pouvoir des mots…

Et une comédienne exceptionnelle, Valérie Brancq, qui se livre complètement, osant se dévoiler au propre comme au figuré et qui nous jette littéralement ces mots au visage pour être bien sûre qu'ils vont atteindre leur but, déranger un peu notre petite vie bien installée, ébranler nos certitudes, faire voler en éclats toutes ces cases bien pratiques dans lesquelles on range nos semblables, les « garces conjugales » d'un côté, les putes de l'autre.

C'est d'une violence extrême que Valérie Brancq distille pourtant avec douceur et infiniment de retenue et de tendresse malgré la crudité du verbe et la hardiesse des gestes.

Chapeau bas, Madame !

 

Nicole Bourbon

 

 

LB25-(putes), d'après la Passe imaginaire de Grisélidis Réal et Putain de Nelly Arcan

Mise en scène : Olivier Tchang-Tchong

Avec : Valérie Brancq

Costumes : Laure Becquignon