Jeu pervers de la séduction et du plaisir, diabolique chassé-croisé amoureux, Closer avait été adapté au cinéma en 2004 par Mike Nichols, avec Julia Roberts, Natalie Portman, Jude Law et Clive Owen dans les rôles principaux.

Mais cinéma ou théâtre, on retrouve les mêmes défauts : intrigue aussi mince qu'une feuille de papier à cigarette, provocation simple et gratuite, clichés dans une prétendue peinture sociale, psychologie de bazar, suite de situations improbables, ramenant le tout à une sorte de jeu de lits musicaux pervers dans ce qui pourrait être un très mauvais épisode des Feux de l'amour.

Heureusement, le spectacle est un peu sauvé par la mise en scène de Françoise Courvoisier, toute en retenue et pudeur en contraste constant avec la crudité des propos, et l'interprétation excellente des comédiens, chacun extrêmement crédible dans son rôle avec une mention particulière à Patricia Mollet-Mercier véritablement époustouflante.

Cependant malgré tous leurs efforts, pris au piège comme ils le sont d'une histoire mal ficelée, prisonniers d'une chronologie étalée dans le temps qui casse le rythme, cette version très réductrice de l'amour limité au désir et au sexe ne décolle jamais vraiment et j'avoue que je m'y suis un peu ennuyée.

C'est dommage que tant de talents soient si mal utilisés, il aurait mieux valu sur ce thème de la manipulation et du mensonge monter  « Les liaisons dangereuses » qui offre une tout autre dimension machiavélique.

 

Nicole Bourbon

 

 

Closer

de Patrick Marber, traduit par Pierre Laville 

Avec : Sophie Lukasik, Vincent Bonillo, Juan Antonio Crespillo, Patricia Mollet-Mercier 

Metteure en scène : Françoise Courvoisier 
Scénographie : Jean-Marc Humm 
Lumière : Philippe Bégneu 
Son : Nicolas Le Roy 
Projections : François De Sury 
Costumes : Sylvie Lépine 
Stagiaire : Ilona Horvath