Terrasse d'un café en pleine fournaise avignonnaise. Cyril Garnier et Guillaume Sentou arrivent, chacun sur son vélo.
Très vite, ils sont demandés par leurs fans, autographes, photos. Ils cèdent aux demandes avec une grande gentillesse. Nous nous attablons et l'interview commence.
Je découvre deux garçons attachants, sympathiques, les pieds sur terre, raisonnables, pas du tout « la grosse tête » ; sincères.
Comment vivez-vous votre notoriété ? Quel changement a-t-elle amené dans vos vies ?
Garnier
Notre compte en banque ! (rires)
On a fait un parcours classique, les scènes ouvertes, les festivals d'humour, les cafés théâtres.
Sentou
L'émission de Laurent Ruquier a été un formidable accélérateur de temps mais aussi pour nous sur notre travail.
Et ça nous donne une grande responsabilité. On ne peut pas faire n'importe quoi, quand on est en terrasse par exemple ou en soirée. On ne doit pas décevoir.
Garnier
Il faut savoir garder une certaine distance. Ce métier peut vite déconnecter de la réalité. C'est important d'avoir du solide derrière nous, une famille.
Sentou
L'avantage c'est la crédibilité, notre notoriété facilite les projets.
Et le public est présent, on a des salles pleines.
À ce propos, c'est une des polémiques du moment à Avignon, est-ce que les têtes d'affiche y ont leur place au détriment des petites compagnies ?
Garnier
Dans un autre sens, on ramène aussi du monde, des gens qui viennent pour nous voir, qui ne seraient pas venus au Festival sinon et qui du coup étant là vont voir d'autres spectacles
Sentou
On a aussi fait Avignon avant d'être connus, on a eu aussi des salles avec 8 personnes, ce chemin on l'a fait aussi.
Garnier
Et cette année avec la pièce d'Arthur (Jugnot), on n'a pas pu exploiter notre duo. Être à Avignon, c'est aussi faire connaître notre spectacle, préparer une tournée.
Sentou
Une carrière ça se construit. Nous on est des amoureux de ce métier, notre but c'est de l'exercer, pas de se mettre en avant.
Justement, n'y a-t-il jamais de problème d'égo entre vous ?
Garnier
On se connaît très bien, on est au service d'un spectacle. Alors quelquefois il peut y avoir des tensions dans le travail, avec la fatigue, le stress
Sentou
Moi je suis comme une pile électrique, Cyril est plus calme. Mais on va dans le même sens, même si on n'est pas toujours d'accord sur le chemin à prendre.
Garnier
Il n'y en a jamais un qui fait plus que l'autre, on est deux Augustes, bêtes tous les deux mais pas de la même façon.
Sentou
On se sent plus proches de De Funès et Bourvil par exemple que du clown blanc et de l'Auguste.
Parmi les humoristes, quels sont vos modèles ?
Sentou
Les inconnus
Garnier
Raymond Devos Je l'écoutais en boucle
Sentou
Et Courtemanche pour le corps ! (rires)
Garnier
Et plein d'autres, on est très éclectiques
Votre spectacle est très physique. Comment vous préparez-vous ?
Sentou
J'ai une formation de danseur
Garnier
On se surveille, un peu de sport tous les jours, il faut entretenir la machine sinon on peut se blesser
Sentou
Et ici on se repose, c'est important
Qu'est-ce qui pourrait vous déstabiliser ?
Sentou
Pas les interventions du public, on apprend à gérer à rebondir
Garnier
Dès qu'il se passe quelque chose il faut l'intégrer dans le spectacle, que ce soit un problème technique, un spectateur qui intervient
Sentou
Le plus déstabilisant c'est le partenaire qui ne dit pas ce qui est prévu. Et c'est d'ailleurs un jeu entre nous
Vos projets ? Seriez-vous par exemple tentés par le cinéma ?
Garnier
Oui, ça nous plairait. D'autant qu'à la base on est comédiens et qu'on est connus en tant que tels.
Un rôle dramatique ?
Sentou
On ne s'interdit rien. Ce qui compte c'est le projet, s'il nous parle.
Garnier
Pas pour montrer que oui on sait aussi faire pleurer. Il faut accepter pour de bonnes raisons. Qu'on ait envie. Peu importe que ce soit théâtre, cinéma ou télé.
Sentou
À la rentrée, à partir du 5 octobre, on joue une pièce d'Arthur Jugnot à quatre personnages qui va nous permettre de dévoiler une plus large palette de sentiments.
Garnier
On a hâte d'y être, c'est un projet très excitant.
Propos recueillis par Nicole Bourbon
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