Théâtre de la Colline
15 rue Malte-Brun
75020 – Paris

Jusqu’au 18 juin 2023,
du mercredi au samedi 20h30,
le mardi à 19h30, le dimanche à 15h30.

Spectacle en napolitain surtitré en français.

 

 

Étrange spectacle : la metteuse en scène, Emma Dante, se réclame de T. Kantor et elle n'a pas tout à fait tort. Scène nue, éclairages soignés, un côté maîtrisé mais sans effort de théâtralité... il s'agit avant tout de vie et de  mort.

On nous prend par la main pour nous raconter une histoire.

À la base, cette fête des morts italienne où l'on confectionne, c'est (c'était ?) la tradition, ce bonhomme en sucre qui donne son nom au spectacle. En fait une sorte de pantin en pâte.

Un vieil homme est en scène : il se désespère parce que son bonhomme ne veut pas "monter". La pâte reste de marbre, oserait-on dire, elle ne "lève" pas. L'occasion, pour lui, d'évoquer son enfance, de convoquer ses chers disparus, son père absent (il était marin) sa mère d'origine française, des sœurs qui ne sont plus vivantes, un oncle...

Tout ce petit monde vit devant nous. Bouge, s'agite et c'est un pur bonheur, tant, au-delà des mots du surtitrage, ces humanités nous touchent.

On pourrait citer le comique Toto, ou ces films transalpins où règnent la tchatche et la débrouille. Le mouvement est bon... la scène bien occupée, les personnages la traversant de bout en bout, souvent en courant. En se battant ou en s'aimant.

Il y a de la danse et des chants, très beaux. On se chipe le morceau de pâte, on jongle avec. Des clochettes rythment la confection du gâteau, revenant quand, enfin, celui-ci prend forme... se rapprochant de sa version définitive avant cuisson.

À un moment, le vieil homme tire de façon symbolique, une corde. Que va-t-il trouver au bout ? Rien, bien sûr; C'est l'heure de faire vraiment son deuil, d'honorer les morts et chaque membre de la famille (image forte) revient en portant son double défunt sur son dos.

La fin ? On ne la révèlera pas mais elle fait l'objet d'une belle et émouvante séquence.

Au passage, on aura égrené des chapelets, vu des croix mais la force reste au théâtre, avec ces tranches de vie, ces passions, ces destinées figées, in fine, dans une lumière douce ...

Un spectacle à voir, vraiment.

Gérard Noël

 

Pupo di zucchero

Texte, mise en scène et costumes : Emma Dante, librement inspiré du Conte des contes, de Gianbattista Basile

Avec : Tiebeu Marc-Henry Brissy Ghadout, Sandro Maria Campagna, Martina Caracappa, Federica Greco, Giuseppe Lino, Carmine Maringola, Valter Sarzi Sartori, Maria Sgro, Stéphanie Taillandier, Nancy Trabona

Collaboration artistique : Daniela Gusmano
Assistanat aux costumes : Italia Carroccio
Sculpture : Cesare Inzerillo
Lumières : Cristian Zucaro
Traduction du texte en français : Juliana Régler

Coordination et diffusion : Alda Miguel Grompone