PERRICHON VOYAGE TOUJOURS
Théâtre La Bruyère
5 rue La Bruyère
75009 - Paris
01.48.74.76.99
du mardi au samedi à 19h00 - matinée samedi à 15h00
Que voilà une transposition diablement réussie ! Il faut dire qu’elle est signée Gérald Sibleyras, dramaturge bien connu (prix théâtre de la SACD en 2007) et qui avait déjà adapté le remarquable “Des fleurs pour Algernon” en 2012 et “Les 39 marches” en 2009 (Molière de l’adaptateur 2010).
En 1860, Eugène Labiche avait situé son action en Savoie, destination à la mode puisqu’elle venait tout juste de devenir française.
Gerald Sibleyras choisit le lieu privilégié par artistes et hommes d’affaires en 2015, Saint Barth !
Supprimant astucieusement le premier acte de Labiche, mollasson et sans grand intérêt, il faut bien l’avouer, il démarre l’action directement sur la terrasse de l’hôtel où conversent si on peut dire monsieur et madame Perrichon allongés dans leurs chaises longues devant un sobre décor en carton pâte de plantes et palmiers. Le quasi monologue du mari déclenche les rires dès le début, croquant d’un trait impitoyable un vieux couple qui n’a plus grand-chose à partager et permettant intelligemment un résumé du fameux premier acte.
Les mésaventures dans la grotte deviennent accident de planche à voile puis de plongée qui assurent d’hilarants numéros et tout s’enchaîne à merveille dans une grande cohérence fustigeant les travers de notre époque tout en suivant pratiquement à la lettre la trame originale, les deux prétendants devenant l’un énarque avec une belle allure de premier de la classe et le second un communicant de la pire espèce, incarnés avec une belle conviction par Charles Templon et Arthur Fenwick.
Car si c’est drôle, finement observé, très bien écrit c’est aussi heureusement servi par une mise en scène précise, dynamique et sans fioritures superflues signée Philippe Uchan et excellemment interprété.
Gilles Gaston Dreyfus, toujours d’une grande justesse même dans l’excès, est un Monsieur Perrichon très proche de Monsieur Jourdain, d’une parfaite mauvaise foi, à la fois ridicule et attendrissant dans son désir d’être reconnu comme écrivain, portrait vivant de la fatuité mais avec une certaine ingénuité qui le rend sympathique.
Jean-Luc Porraz , Christiane Bopp et Linda Massoz complètent une distribution de haute tenue et contribuent efficacement à faire de ce Perrichon XXIème siècle un moment désopilant, délicieux et délectable sûrement promis à un aussi beau succès que son prédécesseur du XIXème.
Car il est un fait qui se vérifie à toutes les époques : « Les imbéciles ne savent pas supporter cette charge écrasante qu’on appelle la reconnaissance ».
Nicole Bourbon
Perrichon voyage toujours
de Gérald Sibleyras
D'après Eugène Labiche
Mise en scène Philippe Uchan assisté de Gersende Michel
Décor Charlie Mangel
Costumes Anne David
Lumières Jacques Rouveyrollis assisté de Jessica Duclos
Son Vincent Lustaud
Avec Gilles Gaston-Dreyfus, Jean-Luc Porraz, Christiane Bopp, Arthur Fenwick, Linda Massoz et Charles Templon
Mis en ligne le 27 février 2015