En tournée nationale
( dont Angoulême, Saintes, Blois, Gap, Pantin, Évry, Évreux, etc.) de janvier à mai 2023 puis

Du 22 au 27 mai 2023 au Théâtre 71 à Malakoff

 

Photo © Géraldine Aresteanu

 

Ce sont quatre saisons qui se succèdent. L’automne, l’hiver, le printemps et l’été, au rythme d’une année scolaire. Quatre saisons au cours desquelles des lycéens se rencontrent, se découvrent, apprennent à se connaître et se rejoignent pour mener une lutte commune pour sauver les jardins ouvriers destinés à être rasés pour faire place à un nouveau centre commercial. Mais à travers ce point de départ qui pourrait sembler anecdotique, Amine Adjina voit plus large et agglomère des éléments qui convoquent l’histoire de France – c’est le sous-titre de cette pièce, qui s’inscrit comme le deuxième volet par rapport à une comédie précédente qui s’intitulait Histoire(s) de France. C’est ici Louise Michel vs Louis XIV, l’épisode de la Commune de Paris vs la monarchie glorieuse mais indifférente au sort de son peuple. Deux visions du monde, deux conceptions de la vie et du vivre ensemble, et deux perspectives sur ce que peut ou doit être un jardin aussi : est-ce une terre vivante, un lieu de convivialité, un potager où des aliments ont le droit de pousser et de sortir du cadre, ou est-ce un tableau soigneusement ordonné pour paraître esthétiquement beau comme le ferait un simple ornement ?

Mais Nos jardins ne cherche pas qu’à mettre en scène cet affrontement. Nos jardins cherchent aussi et surtout à montrer comment on se rassemble, difficilement, pour partager des idées et constituer des collectifs. Le dispositif scénique, bifrontal, n’oppose pas les deux parties du public mais les réunit au contraire en enserrant le plateau comme pour se rapprocher des trois jeunes comédiens combattifs. Qu’est-ce qui peut aujourd’hui nous réunir, semble demander cette pièce à l’écriture à la fois imagée et percutante ? Et les comédiens de répondre avec leurs idéaux et l’espoir que porte leur jeunesse. Manon, Mélisande et Gauthier : sont-ce d’ailleurs bien des comédiens alors que le nom de leur personnage est le même que leur nom de ville, Manon Hugny, Mélisande Dorvault et Gauthier Wahl ? Et l’on comprend pourquoi : c’est que la pièce a été écrite pour eux, comme Amine Adjina, qui termine actuellement l’écriture de Théorème/Je me sens un cœur à aimer toute la terre pour la donner dans quelques mois à la Comédie Française (Vieux Colombier), en a l’habitude. Et si Nos Jardins se conclut par « Chaque époque cherche sa Commune », on peut dire que, pièce après pièce, Amine Adjina confirme qu’il est un auteur à suivre parce qu’il a trouvé sa voix dans ce théâtre qui a décidé de s’emparer de la question écologique et sociale à bras le corps.

Frédéric Manzini

 

Nos Jardins – Histoire(s) de France #2

Texte : Amine Adjina
Mise en scène : Amine Adjina & Émilie Prévosteau
Scénographie : Cécile Trémolières
Costumes : Majan Pochard
Création sonore : Fabien Aléa Nicol
Régie générale et lumières : Azéline Cornut

Avec : Mélisande Dorvault, Manon Hugny et Gauthier Wahl