Manufacture des Abbesses
7 rue Véron,
75018 Paris
01 42 33 42 03 

Jusqu’au 14 octobre 2023,
les mercredis, jeudis et samedis à 19h

 

 

 

Une dame âgée est assise sur une chaise. Une autre arrive, ôte sa robe et apparaît, comme la première, en sous-vêtements saumon, légèrement datés, qui ne cachent rien de  leurs formes.

Et la conversation s'engage : qui sont-elles ? Que veulent-elles ?

Pierre Notte, l'auteur de cette pièces créée en 2017 a le chic pour semer le doute, pour faire exister une menace voilée, un désespoir latent. Bien sûr, tout cela s'accompagne de chicaneries, de rivalités, de moments creux par rapport à d'autres où cela barde, où elles se disputent avant de mieux se réconcilier. Voire de chanter ou d'esquisser un moment de danse classique, plutôt réussi.

« Il n'y a personne » est une des premières répliques. Le début de la pièce évoque Beckett, et ce thème revient à plusieurs reprises : il n'y a plus de pain, de lait, de sucre. Beaucoup d'animaux ont disparu, d'où cette nostalgie des blattes qui donne son titre au spectacle.

Une des femmes était comédienne (elle a joué Tchekhov) et l'autre danseuse.

Elles attendent. Quoi ?

Ce pourrait être la fin du monde ou bien des spectacteurs venus voir les méfaits de la vieillesse (piste intéressante qui n'est pas exploitée). Des drones les menacent à intervalles réguliers, quand ce n'est pas la brigade sanitaire qu'elle semblent craindre.

Notte se régale de faire dire des horreurs à ces vieilles dames, ceci entre attendrisement et cynisme. Les spectateurs suivent, tant bien que mal ce pingpong qui pourrait ne pas avoir de fin.

En bref, beaucoup de choses senties et qui percutent, par rapport à d'autres : la pièce part un peu dans tous les sens, même si l'auteur, in fine, et avec une chanson « qui va loin » récupère son monde par une reflexion, pas nouvelle mais qui fait mouche, sur la vie, la mort et le vieillissement.

La metteuse en scène-actrice Marilyn Pape, fait vivre au mieux le spectacle. Elle est bien secondée, et comment, par Eulalie Delpierre, une nature, au jeu moins composée que celui de sa partenaire.

La pièce est courte (environ 1 h.) et nous laisse... allez, disons-le, partagés.

Gérard Noël

 

La Nostalgie des blattes

D'après la pièce de Pierre Notte

Mise en scène : Marilyn Pape.

Avec : Eulalie Delpierre et Marilyn Pape.