DORIS DARLING |
Théâtre du Petit Saint-Martin Doris Darling est un spectacle incroyable, qui commence comme un boulevard kitchissime pour basculer peu à peu dans une satire féroce du monde des people, médias et artistes confondus, d'une cruauté effrayante. Marianne Groves a fait une traduction et une adaptation de l'œuvre de Ben Elton en tout point réussies, gardant tout le sel des répliques incisives et assassines de l'original, dans un langage parfois très cru, tout en les rendant accessibles à un public français. Dans une mise en scène à la fois échevelée et d'une précision extrême, elle conduit en même temps ses interprètes sur des chemins vertigineux où chacun donne le meilleur de lui-même, entrecoupant les scènes et accompagnant les entrées et sorties des personnages de musiques fracassantes et de chorégraphies humoristiques. Marianne Sergent est une Doris extraordinaire, parfaite langue de vipère, journaliste compensant son manque de talent par des critiques au vitriol des malheureux comédiens qu'elle prend pour cible dans ses chroniques pour un magazine télé. Elle est survoltée, agaçante, terrifiante. Juchée sur ses stilettos et drapée dans des costumes époustouflants – bravo à la styliste Blandine Vincent – elle arrive malgré tout à rendre son personnage terriblement humain et attachant. Ses partenaires sont à la hauteur d'une telle performance incarnant avec talent un gigolo drôlissime (Thierry Lopez), un inénarrable comptable en kilt (Éric Prat) ou encore un patron de presse sans scrupules (Yannick Laurent), sans oublierla bluffante Amélie Étasse qui campe une Peggy dont je laisse au spectateur tout le plaisir de la découverte. Décor design et vidéos en adéquation parfaite complètent à merveille ce petit bijou d'humour – très – noir tout à fait réjouissant et jubilatoire à ne surtout pas manquer si vous voulez rire pendant 1h45 tout en allant de surprises en surprises.
Nicole Bourbon
Doris darling Une comédie anglaise de Ben Elton Avec Marianne Sergent, Amélie Étasse, Yannick Laurent, Éric Prat, Thierry Lopez. Scénographie Gilles Touyard. Lumières Orazio Trotta.
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