Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin Roosevelt
75008 Paris
01 44 95 98 21

Jusqu’au 30 octobre 2022 à 20h30

 

 

 

« Là, à présent, tu dois tout me raconter, maintenant, oui maintenant ». Ainsi commencent les Vêpres de la Vierge Bienheureuse de l’italien Antonio Tarantino. Une ambiance de confession, sauf que le dialogue n’en est pas un : le père est seul avec l’urne funéraire de son fils qui vient de se suicider. Il attend le bus pour rentrer chez lui et commence alors une sorte de temps suspendu : le père imagine un dialogue avec son fils. Paul Minthe livre un monologue-fleuve poétique, touchant, drôle parfois, avec des jeux sur la langue qui sont la preuve d’une traduction particulièrement soignée. C’est d’autant plus émouvant que ce père, âgé, qui semble parfois ne pas tenir sur ses jambes, s’adresse à son fils travesti qui avait quitté la maison pour se prostituer à Milan : pour traverser le Styx, prends tes cothurnes, ta belle robe rouge et ton maquillage. En résumé, sois toi-même, fais fi des qu’en-dira-t-on, oublie les mots durs des voisins et de ta mère. On en sort assez chamboulé, ému par la déclaration d’amour de ce père à son fils, avec tout ce qu’elle a de maladresse et de sincérité. Ému aussi par un texte qui révèle la difficulté du dialogue et l’impuissance du père face à la détresse de son enfant, et par des mots qui arrivent sans doute trop tard. Un très beau travail d’acteur, tout en justesse et en pudeur. 

Ivanne Galant

 

Vêpres de la Vierge bienheureuse

De : Antonio Tarantino
Mise en scène : Jean-Yves Ruf

Avec : Paul Minthe
Scénographie : Laure Pichat
Création sonore : Jean-Damien Ratel
Lumières :  Christian Dubet