Entête

LA FÊTE DU SLIP OU LE PIPO DE LA PUISSANCE

 

Scala Paris
13 Boulevard de Strasbourg
75010 Paris

Jusqu’au 31 décembre 2025
mercredi et jeudi 19h15

 

loupe 

 

Après le succès public et critique du seul en scène Le premier sexe ou la grosse arnaque de la virilité, premier volet sur le genre masculin, Mickaël Délis s’attaque à la performance sexuelle, totem de la virilité. Le comédien, auteur et co-metteur en scène, nous livre une forme kaléidoscopique, autofiction, exposé scientifique et saynètes où il mord des personnages truculents. Le spectateur retrouve sa délicieuse mère, fumeuse invétérée, cassante mais aimante. Ce second volet est plus ramassé et précis, si l’on retrouve la généreuse adresse au public et sensibilité de la première partie, Mickaël Délis a grandi en puissance, plus affirmé, avec un propos droit au but, sans circonvolutions.

Caché derrière un micro, façon stand-up, le début du spectacle peut paraître putassier. La tonalité est donnée pour mieux creuser les failles. À la première personne, le comédien nous conte ses exploits sexuels, dont l’accumulation, signe d’une compulsion, fait surgir la névrose. Introduction au propos, Mickaël Délis déconstruit le mythe, sans rentrer dans l’écueil des propos généralistes, préfabriqués et rabattus, dont la substance ne sert qu’à rassurer les bien-pensants. Par l’empirisme puisé dans le vrai ou l’imaginaire, peu importe, il dissèque sans nombrilisme ce que cache le concept de performance. Sur un plateau épuré, sa formation de danseur lui permet de déployer un corps habile et léger qui expulse cette urgence de vivre dans la joie communicatrice du jeu. Idée scénographique brillante, il jongle avec deux néons qui se transforment au fil du récit en bâtons de ski, ciseaux de jardinage, bibliothèque, ustensile de cuisine, une succession de symboles métaphoriques pour cet objet allongé, de forme… phallique.

Aucun esprit de sérieux ombrage le propos, le rire est si présent que les spectateurs sont dans un parfait état de détente pour être disponibles. Par acquit de conscience critique, on s’interroge sur la portée du spectacle, n’est-ce pas dirigé vers ces happy few déjà exposés mille fois à ces problématiques ? On balaie rapidement cette pensée en notant la multiplicité des niveaux de lecture (scientifique, historique, éminemment personnel), sans didactisme forcé, ni posture. Mickaël Délis nous transmet avec lucidité, non en vain, cette pulsion vitale où la maladie et la mort rôdent. Le spectateur retrouve un rire primaire à voir défiler ces personnages malicieux, parfois pathétiques qui, souvent, maltraitent le personnage principal. Mickaël Délis les incarne tous, le psy, l’ami italien, le modérateur du groupe de paroles et le professeur fou, comme si cette quête de l’équilibre devait se nourrir de tous les discours modelant son rapport à la performance.

Alexandra Diaz

 

La Fête du slip ou le pipo de la puissance

De et avec Mickaël Délis 
mise en scène Mickaël Délis et Papy de Trappes
collaborations artistiques Vladimir Perrin, David Délis, Élise Roth, Clément Le Disquay, Romain Compingt
création lumière Jago Axworthy