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R : J'ai vu récemment votre spectacle, Décorum, qui ne laisse pas indifférent. Pouvez-vous-nous dire comment il est né ? A : C'était au départ, en mai 2009, une invitation à faire partie du festival "Mises en capsule du Ciné 13 Théâtre. J'avais une contrainte : que cela n'excède pas 30 minutes. Depuis, je l'ai retravaillé et j'y travaille encore, je l'enrichis d'idées nouvelles et je peaufine l'écriture. R : Comment vous est venue l'idée d'arriver ainsi complètement nue sur scène ? A : Je voulais que ce soit une mise en abyme du théâtre. Mon personnage arrive effectivement nu, comme un bébé qui vient de naître. Mes cheveux sont aussi tirés, cachés. Puis cette nudité pose problème lorsque le personnage découvre qu'il n'est pas seul, que le public est là. C'est le regard des autres qui est dérangeant. Ce sont alors les accessoires du théâtre qui vont être utilisés, le livre, le rideau qui devient draperie ou camisole. R : Avec aussi cette parodie de Phèdre A : Mais je dois encore améliorer ce passage, mieux l'amener, le mettre en valeur. R : C'est aussi une pièce très féministe qui dénonce l'image de la femme dans la société A : Oui une société où c'est « sois belle et fais le ménage » R : D'où l'utilisation d'ustensiles ménagers, sac poubelle, gants en caoutchouc, balai espagnol avec les clins d'il aux icônes féminines, Rita Hayworth, Brigitte Bardot etc. A : Je suis toujours sur le fil entre le côté décalé, burlesque et la sensualité, le glamour. En tant qu'historienne de l'art, j'aime aussi ce travail d'utiliser le corps féminin comme source d'inspiration.Avec des moments qui sont comme des arrêts sur image. R : Quel avenir pour ce spectacle ? A : Je vais le rôder en Province, dans différents festivals et poursuivre mon travail de réécriture, continuer à l'améliorer, continuer à creuser les différentes facettes du théâtre. R : Vos projets ? A : Je travaille aussi avec d'autres compagnies, notamment sur un projet d'adaptation d'un roman qui traite des rapports entre psychanalyse et cinéma hollywoodien des années 50. J'exerce aussi mon métier de comédienne au cinéma, à la TV, par exemple dans une série sur Arte. R : Comment vous définiriez-vous ? A : Comme une privilégiée. J'ai la chance de pouvoir exercer le métier que j'aime, que j'ai choisi, même si comme pour toutes les femmes qui travaillent, la vie est toujours plus compliquée que celle d'un homme car il faut tout gérer en même temps, le travail, la maison, les enfants. Propos recueillis par Nicole Bourbon En savoir plus
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