Sans décorum
Les lumières s'éteignent. Une voix surgit dans notre dos.
On se retourne. Une femme entièrement nue traverse l'espace et arrive sur la scène où il n'ya aucun décor. Seuls existent dans un coin un seau, une serpillière, divers accessoires de ménage.
Ainsi débute « Décorum ».
Elle a l'air heureuse, répète » je suis contente, oh que je suis contente »
Au bout d'un instant, on comprend qu'il s'agit d'une comédienne un peu godiche qui a enfin un rôle et qui cherche son costume à tâtons dans la pénombre.
Elle se retourne, voit que le public est déjà là, pousse un grand cri et essaie comme elle peut de masquer sa nudité par différentes poses. C'est le cauchemar qu'on a tous fait de se retrouver nu au milieu de personnes habillées.
Première constatation : la comédienne peut se permettre ce jeu, elle est très belle de corps et de visage.
Deuxième constatation : c'est un peu long à démarrer.
Mais ensuite tout s'enchaîne, et c'est une charge burlesque contre tout le décorum qui gère nos vies :
le théâtre classique (parodie d'une pièce de Racine), le rôle de la femme dans la société (Sois belle et fais le ménage»).
Bonne idée : la comédienne choisit d'utiliser le peu qu'il y a sur scène pour se faire un costume : robe en sac poubelle, balai espagnol comme perruque, gants de caoutchouc, il faut vraiment être une très belle femme pour le rester ainsi fagotée !
Joli instant : en ombre chinoise derrière un paravent elle nous rejoue la célèbre scène de Bardot dans « Le mépris » : «Et mes jambes, tu aimes mes jambes etc. »
Au final, un joli moment à partager avec une jolie femme bien dans sa peau, qui n'a pas froid
aux yeux, et au tempérament comique assuré.
Nicole Bourbon
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http://alinestinus.art.officelive.com
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