ARTAUD PASSION

Théâtre du Roi René
4 bis rue de Grivolas
84000 Avignon
04 90 82 24 35

à 12h30
Du 5 au 28 juillet
relâche le 24 juillet

 

Artaud passion loupe 

Artaud passion
Quel personnage !

 

Dans un décor froid comme une lame de couteau où un trait de lumière met en valeur un lit sur lequel dort une femme, dans un coin un personnage à la voix sortie des entrailles du monde….

La scène est posée. Nous sommes en 1946, Artaud a quitté l'asile de Rodez où il a subi des électrochocs, il n'est pas totalement détruit mais il est à la fin de sa vie...

Une liaison naît entre lui et Florence Loeb la fille du galeriste qui organise une exposition de ses dessins. Elle parle sans se rendre compte qu'il entend.
Chacun déclame indépendamment. Artaud est comme une ombre de lui-même, décharné, dans un vêtement entre la camisole de force et les guenilles d'un épouvantail, il est un zombi dont on a détruit en partie le cerveau mais il a encore les moyens intellectuels de créer. Son maquillage renforce sa représentation en personnage qui se dissout dans l'air, et sa voix le place dans l’éther.

Déshumanisation, pertes de repères... il avance décharné, comme ces êtres de l'au-delà chers à Artaud, appartenant aux tribus indiennes Tarahumaras que l'on invoquait grâce aux champignons hallucinogènes.

Deux personnages dont les discours se croisent et se superposent, celui de Florence enfermée dans ses souvenirs qui ne voit ni n'entend Artaud et lui qui dénonce, clame…

C'est un théâtre d’une grande violence, la scène est zébrée de temps en temps par les lueurs des électrochocs, on imagine les dégâts d'un tel soin psychiatrique.

Nathalie Lucas est Florence Loeb, une Florence toute délicate et fragile enfermée dans la sphère des souvenirs.

William Mesguich est Artaud, un Artaud d'une puissance inouïe dans la faiblesse de sa constitution. Un Artaud presque désintégré dont ne subsiste que la dépouille, mais quelle dépouille, car elle a encore en elle toute la force de ses convictions.

Une magnifique pièce violente mais fort belle grâce au travail de mise en scène, aux costumes, aux lumières et bien sûr au jeu des acteurs... à voir absolument.

Jean Michel Gautier

 

Artaud passion

une pièce de Patrice Trigano
mise en scène de Ewa Kraska

avec William Mesguich ert Nathalie Lucas

vidéo Stéphane Bordonaro
musique Olivier Sens
lumières Richard Arselin
costumes Delphine Poiraud
maquillage Eva Bouillot

 

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Mis en ligne le 19 juillet 2019