YERMA

Théâtre 13, Seine     
30 rue du Chevaleret
75013 Paris

Jusqu’au 5 octobre 2014
mardi, jeudi et samedi à 19h30, mercredi et vendredi à 20h30.

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Mis en ligne le 19 septembre 2014


Photo Brigitte Enguerand

Yerma, compose, avec La Maison de Bernarda Alba et Noces de Sang, la célèbre trilogie de Federico García Lorca, ce drame rural en terres andalouses.

Yerma, c'est la femme de Jean le berger. Cela fait deux ans qu'elle espère un enfant qui ne vient pas. Elle ne conçoit son bonheur et sa plénitude que dans la maternité, alors que ce n'est pas le cas de Jean : c'est là le nœud de l'incompréhension des époux.

Yerma, c'est un mot qui désigne en espagnol ce qui est inhabité, cette terre aussi aride et désertique que le corps du personnage.

Loin du folklore et de l'espagnolade, c'est avec une simplicité et une justesse saisissantes que Daniel San Pedro traite ce texte empreint de poésie et de symbolisme. Sa mise en scène soignée interpelle. Ces jeux de clair/obscur, de lumières, ces projections de paysage andalou sec qui évoque le paysage – état d'âme si cher au poète –, ces notes de piano qui sonnent comme des glas, cette odeur d'encens qui envahit la salle, cette laine de mouton qui jonche le sol, ces portes qui s'ouvrent et se referment. Le monde rural, le travail, le poids des traditions, l'importance du « qu'en dira t-on » et de la réputation et, bien sûr, le sort des femmes qui ne sont pas mères dans une société d'une telle austérité. Tout y est. Et tout cela est porté par les acteurs avec talent. Audrey Bonnet, cheveux longs, teint pâle et frêle silhouette, est la Yerma que l'on imagine quand on lit le texte de Lorca : spontanée puis fragile et enfin violente, victime de sa frustration. Les acteurs qui partagent la scène sont tout aussi remarquables. À commencer par l'éventail des femmes qui l'entourent : sa délicieuse et pimpante amie la « folle » qui n'a pas d'enfant non plus (Aymeline Alix), Maria, à qui elle promet de tricoter des bonnets pour sa progéniture (Yaël Elhadad), et la vieille conseillère, Claire Wauthion, qui comprend ses tourments. Quant aux hommes, Daniel San Pedro incarne un Jean distant, plus intéressé par le travail et son image que par les tourments de sa femme. Victor (Stéphane Facco), plein d'entrain, en est le parfait contrepoint

Une interprétation magistrale de ce texte sur la place de chacun dans la société faite de codes et de normes, qui, bien que datant de 1934, résonne toujours avec autant d'efficacité et de force.

Ivanne Galant

 

Yerma

Texte Federico García Lorca
Mise en scène : Daniel San Pedro

Avec :
Yerma : Audrey Bonnet
La fille de Dolores : Aymeline Alix 
Dolores : Christine Brucher
Maria : Yael Elhadad
Victor : Stephane Facco
La jeune ouvrière : Juliette Leger
Jean : Daniel San Pedro
La vieille femme : Claire Wauthion 

Décors / scénographie : Karin Serres
Costumes : Caroline De Vivaise
Création lumières : Bertrand Couderc
Création vidéo : Nikolas Chasser-Skilbeck
Création bande son : Jean Luc Ristord
Composition musicale : Pascal Sangla
Autre(s) collaboration(s) artistique(s) : Clément Hervieu Léger