SATSANG OU LA FEMME DU CHEVALIER À L’AMOUR ROUILLÉ…

 

Théâtre La Croisée des chemins
120 bis rue Haxo
75019 - Paris

Jusqu’au 6 Mars 2020 
tous les mercredis et jeudis à 19h  et vendredis à 19h30

 

Satsang loupe 

 

« Prenez du temps pour vous », « Accordez-vous de l’importance », « Soyez le changement que vous voulez voir »… Le développement personnel, vous connaissez bien sûr, les magazines nous abreuvent de ce type d’articles récurrents qui font recette, et des coaches en tous genres s’engouffrent dans cette brèche existentielle qui irrigue la société occidentale. Fortes de leurs expériences en la matière et de leur goût pour l’introspection, deux comédiennes, adeptes de la pratique du yoga et de la méditation, se sont emparées d’un sujet qu’elles connaissent bien pour le disséquer, l’analyser et surtout s’en amuser. Premièrement, pour les néophytes, un peu de pédagogie pour comprendre le titre de la pièce « Satsang ou la femme du chevalier à l’amour rouillé ». Satsang, en sanscrit, c’est la compagnie en présence de la vérité, de la sagesse ! Pour le reste du titre, pas besoin d’explication, les concernées se reconnaitront ! Et, dans le fond, tout le propos est dans l’énoncé ! Deux femmes, parvenues à la belle cinquantaine, font le point sur leurs vies sentimentales respectives. En quête inassouvie de bonheur, elles n’ont de cesse d’explorer avec humour, sensibilité et autodérision leurs rapports aux hommes. Si le sujet est infini et éternel, le traitement est original. Hélène et Lucie (les prénoms ont du sens au fil du récit), si différentes à priori, s’affrontent pour mieux s’interroger sur leurs doutes, leurs manques, leurs frustrations mais aussi leurs désirs et leurs espoirs. Quand l’une se lamente, l’autre la réveille en l’obligeant à aller un peu plus loin dans son questionnement. Tout n’est peut-être pas la faute du mâle, ce mâle après lequel elles courent tout au long de la pièce. Le sens de la vie ne tournerait-il donc qu’autour de la quête d’amour ? En tout cas, c’est leur obsession qui peut parfois effleurer le nombrilisme. Heureusement, bien que tournées sur l’Ego (un poil trop ?), les deux complices savent prendre de la distance, sans les condamner, avec ces nombreux préceptes qu’elles tentent de mettre en pratique sans toujours réussir ! Touffu, dense, le texte mériterait presque un deuxième service, d’autant que les deux personnages, distincts au départ, finissent par se confondre, ce qui peut créer de la confusion ou un trouble côté public. Au final, une pièce intelligente, émaillée d’humour, jouée avec finesse qui devrait plaire à la gente féminine sensibilisée à la thématique. Pas gagné côté mâles sauf s’ils ont envie de rentrer dans la tête d’une femme. Là, ils seront servis !

Mention spéciale au passage sur la libido en berne personnifiée malicieusement par Marie-Ève Dufresne.

Pour s’initier au Satsang il y avait des stages, maintenant il y a une pièce de théâtre !

Patricia Lacan-Martin

 

Satsang ou la femme du chevalier à l’amour rouillé…

De et avec Laurence Bréheret et Marie-Eve Dufresne

Mise en scène : Cécile Mazeas