SAISIR

MC93 de Bobigny

Hors les murs : Théâtre le Colombier
20, rue Marie-Anne Colombier
93170 Bagnolet
01 43 60 72 81 

Jusqu’au 22 février 2015
À 20h30 sauf le dimanche à 17h00

 

Saisir loupe

 

Au début tout est vide et noir.

Alors que, côté cour, la voix sobre et précise de Yann Collette, sous la lumière d’un faible projecteur, entame le recueil « Mouvements » de 1951, on craint d’avoir affaire à une simple lecture.

Quand Fany Mary est éclairée à son tour, on se dit qu’elle va illustrer les textes d’Henri Michaux et que la théâtralité de cette adaptation va être réduite au minimum.

Et petit à petit, c’est l’inverse qui se produit. Les correspondances entre le spectacle vu et la poésie entendue deviennent de plus en plus évidentes : l’évocation des hésitations d’une ligne dont le poète déclare qu’elles sont les siennes prennent la forme d’une corde qui descend au milieu du plateau, et dont les circonvolutions graphiques représentent le trait de l’écriture. Celui-ci se fait danse puis dessin, avant de devenir plus nerveux sous les coups devenus saccadés du violoncelle de Benjamin Havas. Le jeu de la comédienne est particulièrement juste quand elle déploie son corps sur scène, laissant indéterminée sa véritable nature, homme, animal ou insecte.

Plus généralement, divers procédés de mise en scène imaginés par Sarah Oppenheim et Louise Dumas donnent corps à cette écriture si singulière, jusqu’à reproduire sur des panneaux les silhouettes dessinées par le poète lui-même à l’encre de Chine, d’une manière qui rappelle le travail que la québécoise Marie Chouinard avait proposé il y a quelques années autour des figures à l’encre de Chine de Michaux et des Gymnopédies d’Éric Satie. On se surprend à suivre davantage la performance qu’à écouter une littérature dense et exigeante, comme si la danse avait pris le pas sur le texte, dont le sens reste ouvert. Et c’est bien ainsi que le spectateur se trouve « saisi » par le charme de l’étrange.

Frédéric Manzini

 

Saisir

Texte : Henri Michaux

Adaptation et mise en scène : Sarah Oppenheim
Travail graphique : Louise Dumas

Scénographie et costumes : Aurélie Thomas
Lumières : Benjamin Crouigneau
Son : Julien Fezans

Avec : Yann Collette et Fany Mary, ainsi que Benjamin Havas au violoncelle

 

Mis en ligne le 17 février 2015

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