LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY

Théâtre Lucernaire
55, Rue notre dame des champs
75006 Paris
01 45 44 5734

Jusqu’au 3 avril 2016
Du mardi au samedi à 20h00
dimanche à 17h00

 

Le Portrait de Dorian Gray loupe 

Le portrait de Dorian Gray est sans doute l’œuvre la plus aboutie d’Oscar Wilde à une époque victorienne où la bonne morale bourgeoise et la censure ne plaisantaient guère avec le style de vie de ce dandy décadent qui fit du plaisir le but de sa vie.

Le jeune et insouciant Dorian Gray, à la beauté du diable, accepte d’être le modèle de son ami peintre Basil Hallward qui lui fait un portrait proche de la perfection absolue. Après sa rencontre avec le pervers Lord Henry Wotton, adepte convaincu de l’hédonisme, il formule, fasciné par ce dernier, lors d’un vœu diabolique, le souhait que le tableau vieillisse à sa place pour pouvoir garder lui-même sa beauté et sa jeunesse éternelle. Après avoir répudié l’actrice Sybil Vane qu’il devait épouser, l’innocent Gray devient alors un monstrueux Hyde qui n’eut qu’une peine superficielle à l’annonce du suicide de son ex-maitresse. Il bascule alors dans un côté obscur et court les bouges les plus infâmes de Londres, à la recherche de plaisirs de plus en plus raffinés. Seule la destruction du portrait pourrait selon lui, lui rendre son âme.

Thomas Le Douarec a réussi une adaptation absolument parfaite, avec un choix de répliques brillantes, drôles et bien enlevées. Il a également avec une mise en scène inventive et un jeu de lumière approprié et sur une scène presque sans décor parfaitement installé cette ambiance sulfureuse qui habille le plateau. L’équivoque de Gray, la perversité de Wotton, l’ambiance des bas-fonds, le petit théâtre de Londres, la partie de tir, tout y est et l’on vit cela comme dans un film. Il est nécessaire de parler de la distribution absolument sans faute avec tout d’abord l’élégant Arnaud Denis, précieux mais pas trop, d’une justesse frisant la perfection, Thomas Le Douarec, excellent dans le rôle du cynique Lord Henry à l’humour cinglant et noir, de la magnifique Caroline Dévismes, attachante, amoureuse, chanteuse, catin, noble jusqu’au bout de la plume de son chapeau, parfaite dans tous les rôles et de Fabrice Scott qui en plus de jouer du piano est touchant dans tous les registres.

L’adaptation théâtrale de ce roman qui scandalisa l’Angleterre victorienne est une pure réussite, portée par des comédiens remarquables de talent, un classique d’une modernité brillante à ne rater sous aucun prétexte car je serais fort étonné que cette pièce ne rencontre pas le succès qu’elle mérite.

Patrick Rouet

 

Le Portrait de Dorian Gray

d’Oscar Wilde.
Adaptation et mise en scène: Thomas Le Douarec assisté de Caroline Devismes.

Avec : Arnaud Denis ou Valentin de Carbonnières – Lucile Marquis ou Caroline Devismes – Fabrice Scott – Thomas Le Douarec.

Musique : Medhi Bourayou.
Paroles : Thomas le Douarec.
Décors et costumes : José Gomez.

 

Mis en ligne le 24 janvier 2016