LA FAMILLE ORTIZ

Théâtre Rive Gauche
6 rue de la Gaïté
75014 Paris  
01 43 35 32 31

Jusqu’au 20 décembre,
du mardi au samedi à 21h.
Matinées le dimanche à 15h.

 

La Famille Ortiz loupe 

Tout auréolé des quatre Molières qu'il a reçus pour sa précédente création "Bonjour, M. Haffmann" (2018) Jean-Philippe Daguerre présente sa nouvelle création. Il l'a écrite et mise en scène : voilà peut-être déjà un premier problème. Qu'est-ce qu'un metteur en scène peut ajouter en vision ou  recul que n'ait déjà dit l'auteur s'ils sont une seule et même personne ?

Cette histoire commence avec un jeune couple français au Japon. Il y a un secret. Un secret "lourd" qui va être l'occasion d'un long flash-back.

Soit, donc, ce même jeune homme (il s'appelle en fait Pierre Ortiz) auparavant, en France. Il vit avec sa famille : une famille que l'auteur a voulu originale et fusionnelle. Seul le deuxième adjectif est avéré. Pour l'essentiel, à coups d'aphorismes et de rituels... très moyens, le père (qui se voulait toréador ) assure la cohésion dans sa famille.

La mère est qualifiée de reine par ses fils. Quant à elle, elle les appelle "mes amours" et la maison, c'est "la ruche". Une maison où on vit, où on se sent bien... qu'on n'aurait donc pas envie de quitter. Cet aspect, intéressant, ne prend pas toute sa mesure à cause du côté "comédie" que Daguerre donne à la pièce.

En 1991, la mère manque de se noyer (?) dans la Garonne. Face au père qui assiste au drame sans réagir, le fils aîné intervient : la mère survit, mais le père se targue de l'avoir  sauvée. Bizarre. Une sorte de complot tacite renvoie Pierre à ses doutes et le père, une nouvelle fois, triomphe. Pierre finit par quitter la famille et s'exile au Japon pour y percer (?) comme chanteur. Une naissance à venir... et la maladie de sa mère le ramènent au bercail. Il (et on) apprend alors toute la vérité sur la noyade de la mère et le pourquoi de l'attitude du père. Bien sûr, nous ne le révèlerons pas.

Soyons précis : la partie comédie est faible... et la partie tragique, destinée à nous tirer des larmes, est plutôt facteur de gêne, tant elle véhicule de bons sentiments à coups de répétitions et de phrases définitives. C'est dommage, car l'auteur tenait là un sujet en or.

Le décor est habile, qui fait exister les deux lieux (en France et au Japon).  Mise en scène fonctionnelle avec moults rapports frontaux au public. Les deux frères sont un peu interchangeables, du moins pas assez bien différenciés à notre goût. Le père (Bernard Malaka) se fige dans des poses. La fiancée est lisse : seuls émergent le fils aîné, joué par Stéphane Dauch et Isabelle de Botton qui donne, surtout vers la fin, une épaisseur, une présence à la mère. On aurait souhaité la même à tous les autres personnages.

Gérard Noël

 

La Famille Ortiz

de et mis en scène : Jean-Philippe Daguerre.

Avec : Isabelle de Botton, Bernard Malaka, Stéphane Dauch, Antoine Guiraud, Charlotte Matzneff et Kamel Isker

 

Mis en ligne le 15 octobre 2019