JO

Théâtre du Gymnase
38, Boulevard de Bonne Nouvelle
75010 Paris
Tél : 01 42 46 79 79

Jusqu’au 10 Novembre 2019
Du Mercredi au samedi à 21h.
samedi à 16h


Jo loupe 

C'est Glenn Ford, dans un film de 1959 qui se trouvait confronté à "un mort récalcitrant". Déjà, il s'agissait d'une adaptation de la pièce d'Alec Coppel. On se souvient davantage de la version avec Louis de Funès, sous le simple titre de "Jo".

Voici qu'on nous présente une nouvelle version : l'adaptation de Claude Magnier a été retravaillée et mise en scène par Benjamin Guillard. Fallait-il donc re-monter ce "Jo" ?

On a bétonné l'affaire en donnant le rôle de l'auteur dramatique dépassé à Didier Bourdon. On lui a adjoint Dominique Pinon en inspecteur et surtout, bon choix, Audrey Fleurot dans la rôle de Mme Brisebard, l'épouse.

L'histoire ? Un auteur dramatique, Antoine Brisebard est victime d'un maître-chanteur qui le menace de difuser des photos "compromettantes" de sa femme quand elle était plus jeune. Brisbard paie... il paie un certain temps, puis se rebelle. Lui qui donnait dans la comédie légère, prétend vouloir écrire une pièce policière pour obtenir des "tuyaux" d'un avocat de ses amis. Et, donc, quand Jo, le maître-chanteur déboule, ce soir-là, il veut le révolvériser. Tergiverse, mais l'homme meurt quand même. Brisebard cache le corps, non dans les fondations d'une pergola, comme dans les versions précédentes, mais dans celles d'une sculpture (façon Jeff Koon) qu'il doit installer dans son jardin. Tout va bien, sauf qu'un inspecteur arrive, l'informant de l'assassinat, loin d'ici, d'un certain Jo, maître-chanteur. Brisebard est effondré : qui donc a-t-il tué ?

Las,  sa belle-mère, son épouse, plus un couple de clients potentiels pour l'achat de sa maison avec une agente immobilière (à l'accent québecois !) vont lui compliquer la vie. Et le mort va disparaître, ré-apparaître... menant le "malheureux" meurtrier au bord du pétage de plombs !

On sait, ou on imagine (pour qui n'a pas vu le film) ce que de Funès pouvait faire avec une telle trame.

Didier Bourdon n'a pas sa gestuelle, ni sa réactivité... et encore moins son art de faire gag de tout. Mais foin des comparaisons : ici, les gags sont rares. Le rythme pourrait (et comment !) être plus soutenu. Dans le rôle de l'inspecteur, l'excellent Dominique Pinon joue trop "sérieux". Il n'a pas de recul en ce qui concerne son personnage. Il ne crée pas un type, ne propose pas de lecture déjantée de son rôle. C'est dommage, quand on connaît et apprécie ce comédien, si fin et nuancé dans d'autres rôles.

Heureusement, il y a Audrey Fleurot : elle y est très drôle. Les rares passages où l'on entraperçoit ce qu'aurait pu être la pièce, c'est à elle qu'on les doit. Elle joue premier degré, parodie, et fait preuve d'une folie qu'on aurait aimée communicative.

Dans ce genre de pièce mi-comédie mi-pièce policière, le tout est de savoir ce qui va l'emporter : ici, c'est le côté policier, un peu appuyé parfois. Le jeu des autres comédiens est efficace, surtout celui de l'entrepreneur et, dans une moindre mesure, celui de cette agente immobilière, dépassée par les revirements de son client.

Que dire de plus ? Éclairages soignés, décor somptueux, même la sculpture moderne, figurant une gigantesque grenouille (?) ne dépare pas le propos.

Le public sera-t-il constitué de fans de l'ex' "Inconnu", ou d'amateurs de comédies  noires ... ou des deux ? Plus d'autres ?

C'est tout le mal qu'on leur souhaite.

Gérard Noël

 

Jo

Pièce d'Alec Coppel; Adaptation : Claude Magnier
Adaptation nouvelle et mise en scène : Benjamin Guillard

Avec : Didier Bourdon, Audrey Fleurot, Dominquie Pinon, Jérôme Anger, Guillaume Briat, Didier Brice, Clothilde Daniault, Grégory Quidel, Bernadette Le Saché, Jennie-Marie Walker

Assistante mise en scène : Sabrina Delarue
Décors : Jean Haas
Lumières : Olivier Oudiou
Costumes : Valérie Ranchoux-Carta
Musique : Pascal Sangla
Maquillage : Catherine Saint-Sever
Régie générale : Cyril Sanz

 

Mis en ligne le 24 septembre 2019