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Derrière ce titre dont personne ne sait comment le prononcer, se cache une comédie qui ne manque pas d'originalité. Entre théâtre de l'absurde, vaudeville et farce joyeusement décalée, tous les genres sont approchés avec une grande maitrise de l'auteur Camille Turlot sous la baguette rythmée du metteur en scène Éric Szerman.

Il faut dire que les deux ne sont pas novices ayant déjà commis en 2007 « Épouse-moi », meilleur spectacle de l'année au Théâtre de la Licorne à Cannes puis en 2010 « Les Indifférents », sans oublier Poil de Carotte en 2012.

Cette fois, c'est le théâtre et les comédiens qui se trouvent au centre de l'action imaginée par les deux compères nous dévoilant ce que le spectateur ne voit pas habituellement. Une façon de nous montrer avec humour ce qui se cache derrière le rideau rouge en nous faisant approcher d'une façon un peu caricaturale – quoique… – ce que sont les artistes, êtres aussi extravagants qu'attachants avec leurs certitudes et leurs fêlures.

Comme décor, un plateau nu et un piano. Un par un quatre comédiens et un pianiste entrent dans ce théâtre vide, chargés de leurs égos surdimensionnés, de leurs rancœurs mais confiants comme s'ils entraient en terrain conquis. C'est une première répétition d'une pièce dont ils n'ont aucune idée ni du thème ni du titre. Une voix off, celle du metteur en scène, style très avant-gardiste, les interpelle avec autorité leur imposant à chacun de se choisir un numéro. On comprend alors qu'ils sont retenus en otage et à partir de cet instant où tout bascule, ils vont donner tous les registres de leurs talents pour s'en sortir, sous le regard inquisiteur de cet invisible metteur en scène.

Truffé de clins d'œil bien amenés, mené à un rythme d'enfer, c'est bien entendu un prétexte pour rendre hommage à ce difficile métier de comédiens et montrer au public que pour faire rire il faut savoir tout faire.

Et c'est le cas avec six infatigables et talentueux artistes qui n'hésitent pas à approcher le music-hall avec Guillaume Nocture pianiste d'un comique absolu, le théâtre classique dans des parodies éminemment jouissives d'Aurélie Bargème, exaspérante Diva, les claquettes avec un excellent numéro de Sandrine Mallick, incroyablement drôle dans le rôle de la doublure, le chant, en particulier l'hilarant Lulu tout droit sorti des années 50 interprété par un époustouflant Christophe Jeannel qui donne ici toute la mesure de son talent et bien sûr la comédie avec l'auteur en personne qui campe un curieux personnage surprenant.

Sans oublier le fameux metteur en scène, Julian Paris dont on n'entend que la voix et qu'on découvrira enfin à la toute fin.

Il y a bien sûr un clin d'œil à la folie extravagante de Feydeau pour le rythme soutenu de ses personnages loufoques car ils sont dans leur élément, sur la scène, mais dans une situation inédite et sous tension à la Pirandello. La chute dont je ne dirais rien est aussi inattendue que drôle.

Une pièce jubilatoire qui sort des codes de jeux établis à voir sans hésiter pour aller de surprise en surprise dans un grand éclat de rire..

Patrick Rouet et Nicole Bourbon

 

Les Artisans de la Scène et Yves Lemonnier présentent :

Comédien(ne)s

Une pièce avec quelques chansons
De Camille Turlot et Éric Szerman
Mise en scène des auteurs

Avec :
Diane : Aurélie Bargème
Louis : Christophe Jeannel
Laure : Sandrine Mallick
Jeannot : Camille TurlotLe metteur en scène : Julian Paris
Jeff, le pianiste : Guillaume Nocture