LA PARTIDA

Teatro a Corte (7 au 17 juillet 2016)
Turin - Italie

Vu le 16 juillet 2016 au Château de Racconigi

loupe Crédit photo © Domenico Conte

Voici, face à face, cinq footballeurs professionnels et cinq danseuses professionnelles.

Au centre du petit terrain de foot, un arbitre.

Sur l’un des côtés, les fans pour chacune des équipes.

Coup de sifflet et la partie commence…

Cela s’appelle La Partida, inutile de traduire, il suffit d’ouvrir des yeux ronds comme des billes puisque pendant une heure, plus qu’une simple opposition entre deux équipes, nous assistons à un dialogue entre des mondes totalement étrangers l’un à l’autre.

La force, la technicité, la virilité d’un côté, la souplesse, la grâce, la féminité de l’autre.

L’idée est drôle, comme ça, sur le papier, dans la discussion, drôle ou stupide, mais réalisée, mise en scène, inventée par la chorégraphe Vero Cendoya et sa troupe d’interprètes si généreux, cela devient un spectacle hors norme, stupéfiant, délirant. Car l’idée de départ ne leur a pas suffi. Il semble qu’ils se soient amusés à explorer tous les possibles pour faire éclater les limites étroites imposées par les règles d’une partie de foot et emporter spectacle et spectateur dans un rire ironique, sensuel, tonitruant.

Tout raconter est absolument impossible, il suffit juste de dire que cette partie se termine en numéro de cabaret incroyable, rêvé, avec en live sur le bord du terrain Adele Madau jetant ses accompagnements musicaux de son violon synthétisé.

Il y a presque dans ce match, une construction de spectacle de danse classique, avec ses ballets où la chorégraphe espagnole parvient à faire croire en la grâce de ses massifs joueurs de foot, avec ses duos multiples où les ballons sont prétextes à d’intenses passages sensuels et provocateurs, ces portés, ces glissades qui parodient les tacles, ces envols qui miment des dribbles, ces moments de détresse portés par les plaintes poignantes d’un requiem.

Les travers, les ruses, les flagorneries, les insolences que ce sport véhicule sont détournés, amplifiés, parodiés. Les vantardises de même que les joies intenses sont elles aussi finement disséminés. Car rien n’est didactique ici. Nul coupable, nul perdant. Il s’agit d’un véritable questionnement par une mise en contact directe entre un univers profondément masculin voire machiste et une sensibilité autre, féminine, mais non moins puissante que la première.

Si cette Partida se déroule près de chez vous, même au moment d’une finale d’une coupe quelconque de football, courez-y.

Bruno Fougniès

 

La Partida

Textes Eduardo Portillo
Direction et chorégraphies Vero Cendoya  
Musiques Adele Madau
Assistante Gema Diaz
Costumes Kike Palma et Esther  Muñoz

Avec :
Les footballeurs : Gaston de la Torre, Babou Cham, Adrian Nleto, Allk Santiago Cordech et Reynaldo Zerpa
Les danseuses : Sarah Anglada, Xaro Campos, Linn Johanson, Natalia d’Anunzzio et Dory Sanchez

L’arbitre : Mikel Fiol

 

Mis en ligne le 21 juillet 2016