C'est un pas de deux. Deux danseurs sur le grand plateau du Théâtre Astra. Eloignés par l'espace.

L'un, vêtu d'un simple pantalon large et d'un sweat, se laisse porter par la musique comme si les ondes de celles-ci caressaient son corps. Il ondule en mouvements féminin, gracieux, retenus.

L'autre, en veste entre sur scène avec une force virile, la tête droite, les mouvements nets, vif.

Et pourtant, à y regarder de plus près, le corps du premier possède une force, une découpe masculine tandis que le second, les membres et les traits fins, porte dans sa chair même une féminité évidente.

Tout au long de cette chorégraphie, les deux pôles féminins/masculins vont s'entrechoquer, s'intervertirent, se dévoiler, se découvrir.

Le plateau est découpé par la lumière en damier géant. Parfois éloignés et en synchronie parfaite, parfois se poursuivant, parfois laissés chacun seul dans sa danse. Together raconte les tâtonnements d'une rencontre. Plus que d'une rencontre une reconnaissance entre deux êtres, une découverte de l'autre. Cela passe par des luttes, des accords, des souffles.

Toute la partie sonore est très présente. C'est elle qui semble diriger l'histoire. Une bande son souvent électro, avec guitare électrique, violons, piano. Des nappes brutalement interrompues par une rupture presque classique ou une musique aux accents résolument rock. Alors la chorégraphie fait quelques clins d'œil au ballet, les corps s'envolent, ou au rock, et les danseurs s'enlacent et se touchent pour quelques figures. Jusqu'à ce moment presque acoustique pendant lequel les corps s'étreignent pour la première fois.

La chorégraphie d'Alpo Aaltokoski cherche à révéler ce qui relie les humains, les ressemblances, au-delà des apparences visibles car au bout du compte, l'un et l'autre échangent leurs habits, comme s'ils étaient eux-mêmes interchangeables à ce jeu-là.

Mais Alpo Aaltokoski évite de réduire son propos à une simple parade amoureuse. Il va même jusqu'à provoquer ceux qui seraient tenté par cette simplification en stoppant nette un déshabillage, une fausse piste, juste esquissé, pour revenir au thème véritable de son spectacle : la communication entre les êtres.

Les lumières participent activement à l'histoire, ainsi que la bande son, si omniprésente, presque despotique, qu'on rêve par moment d'assister au silence.

Le deux danseurs Ahto Koskitalo et Jouni Majaniemi forment un duo qui possède une écoute particulièrement forte l'un pour l'autre, une synchronisation et une harmonie rare, sensible.

Quelques longueurs pourtant, comme si le chorégraphe ne savait pas sur quelle note finir, comme si, la communication établie, il fallait maintenant chercher quoi dire.

 

Bruno Fougniès

 

Together

Chorégraphie : Alpo Aaltokoski
Création lumière : Kalle Paasonen
Composition et création sonore : Aake Otsala
Création costumes : Taina Relander
Graphiste : Kirsti Maula
Photos : Pekka Mäkinen

Avec : Ahto Koskitalo et Jouni Majaniemi