Boia signifie Bourreau en italien. Un titre coup de poing qui va bien à ce collectif pour qui l'art et les messages qu'il porte sont indissociables. Formes et fond doivent se répondre et s'allier dans ses spectacles expérimentaux.

L'idée originale de Boia est de collecter graffitis et tags et d'en faire un spectacle en partant du principe que ces écritures urbaines sont parties intégrantes d'une expression populaire qui ne trouve pas d'autres moyens pour exister que les murs des villes : de Bologne en particulier puisque ce collectif est basé dans cette ville du nord de l'Italie.

Écriture urbaine, mélange de slogans sans âges, de slogans modernes, de cris d'amour, de cris de haine, d'obscénités et de désenchantements.

Mélange de concert rock avec guitare électrique et batterie, micros, slogans jetés pêle-mêle dans les haut-parleurs, en italien et traduit aussitôt en anglais.

Performance rock d'une heure où les mots s'entrechoquent avec les rifs, frontale, intense.

Danse statique et déclamation mécanique sur une scène traversée de fumigènes multicolores.

Sorte de happening déterminé, profondément ancré dans notre monde contemporain.

Au beau milieu du jardin de plusieurs hectares, aménagé « à la française », du majestueux, historique et authentique Château de Venaria Reale. A l'horizon, derrière les fumigènes, la vallée du Po et les chaînes de montagnes des Alpes. Tout autour, les allées verdoyantes, rectilignes où venaient balader la noblesse en écoutant du luth.

Un cri venu comme une griffure sur la toile bucolique de l'histoire, un graffiti sonore sur le silence du temps, aussi malhabile,  brouillon, excessif que ceux qu'on trouve sur les murs, mais un cri trop sage, romantique, nostalgique qui n'a fait trembler l'ordre qu'un bref instant.

 Bruno Fougniès

 

Boia

Collectif Ateliersi
de Fiorenza Menni, Andrea Mochi Sismondi
Direction technique : Giovanni Brunetto

Avec: Fiorenza Menni, Andrea Mochi Sismondi, Wang Chun Jia, Liao Ving Ze, Mauro Sommavilla