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LES SEPT JOURS DE SIMON LABROSSE |
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La manufacture des Abbesses
«Il pleut des briques sur le monde pourri » Je sors de la salle et je ne peux m'empêcher de ruminer cette phrase qui revient en leitmotiv dans le spectacle et qui correspond bien à ce que je ressens. Je suis à la fois triste et en colère. Triste et en colère car je viens de voir une pièce magnifique, interprétée par trois comédiens de talent et qu'il n'y avait pas grand monde pour la recevoir. Et une fois de plus j'enrage contre cette société qui fait se précipiter le public toujours vers les mêmes le laissant ignorer de véritables bijoux. L'histoire est celle de Simon Labrosse, chômeur, qui va convier les spectateurs à une représentation théâtrale de sept jours de sa vie, dans le but de gagner un peu d'argent. Il va ainsi proposer des métiers improbables, flatteur d'ego, finisseur de phrases, cascadeur émotif, spectateur de gens ordinaires, amoureux à distance ou allégeur de conscience. Il est aidé dans son entreprise par deux comparses, Léo, à la fois drôle et touchant, incapable de dire des mots positifs à cause d'une brique qui a heurté son cortex lorsqu'il était enfant et Nathalie obsédée par ses organes et leur bien-être. Ils interpréteront divers personnages au gré des fantasmes de Simon. Le texte de la québécoise Carole Fréchette( Jean et Béatrice, Le collier d'Hélène ) mêle comique et désespoir, et donne comme toujours une peinture sans complaisance de notre monde : Comment combler son vide en comblant celui des autres ? Peut-on changer sa vie à défaut de changer la vie ? Un être humain, ça vaut quoi ? Comment trouver sa place dans la société, valoriser ses compétences, se vendre, concilier estime de soi et activité sociale, ne pas accepter le défaitisme, trouver la force de se battre ? Ses trois personnages, à la fois drôles, poignants et tendres sont magnifiquement interprétés : David Braun incarne avec énergie un Simon qui arrive à garder le sourire face aux aléas de la vie, Stéphane Hervé, qui signe également la mise en scène, est un Léo désespéré et résigné, Violaine Nouveau campe avec conviction et humour une Nathalie égocentrique et obsédée. En voilà trois qui arrivent à nous bouleverser avec légèreté et humour, dans une mise en scène au rythme impeccable. On ne peut que leur souhaiter de trouver enfin leur public.
Nicole Bourbon
Pièce de Carole Fréchette Avec : David Braun, Stéphane Hervé et Violaine Nouveau Mise en scène : Stéphane Hervé et Amélie Dumetz
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