Théâtre de la Colline,
15 rue Malte Brun,
75020 PARIS
01 44 62 52 52
jusqu'au 17 décembre
D'accord, la Colline est à la pointe de la création théâtrale, quand elle s'en mêle. Ici, nous parlerons davantage d'une de ces tendance qui existent, il faut bien l'avouer, celle du théâtre à message, qui raconte quelque chose, qui veut instruire, qui souhaite, à l'évidence, que le spectateur en sortant se sente un peu moins bête qu'en entrant.
Il s'agit, comme le titre l'indique d'une réflexion sur la procréation en générale et la procréation assistée en particulier. Elle est co-signée d'un scientifique notoire Alain Prochianz, et fourmille d'anecdotes ethnologiques ou médicales. Elle analyse des cas surprenants de siamois, revient sur les familles multi recomposées, bref, pour peu que l'on soit sensibilisé au problème, et même si on ne l'est pas, on accroche.
Ce début où les comédiens « en civil » apparaissent avec des feuilles à la main, sert d'installation. On attend la suite, tout bonnement.
Dire qu'il y a des personnages serait exagéré : avec le métier qu'on lui connaît, le metteur en scène Jean-François Peyret leur a distribué des silhouettes plus ou moins travaillées, plus ou moins drôles. Les comédiens s'en tirent peu ou prou, certains (Yvo Mertens) mieux que d'autres. C'est parfois étrange, comme quand l'excellent Jacques Bonnafé apparaît avec un faux ventre et des faux seins ou quand il se coiffe d'une tiare. On suit le spectacle sans déplaisir, avec
un intérêt variable. Mais il y a cet art de la relance, façon « allez, encore une anecdote ! Allez encore un cas bizarre qui va vous amuser ou vous plonger dans la réflexion ! »
Il faut souligner cette brillante trouvaille de décor : des cordes qui pendent des cintres en un rideau serré. On les éclaire de différentes façons et elles créent un univers, puis deux ou trois. On voyage avec elles. Les comédiens les traversent, jouent avec leur transparence ou non, les voix fusent, on aperçoit une silhouette, une autre et, à un moment donné, car il y a une progression, elles commencent à se détacher.
Ce qui se passe par ailleurs sur scène devient alors de moindre importance, ces cordes (au parfum de vieux bouc) tombent sur le plateau. Elles tombent avec un bruit mat, comme un abandon, comme un renoncement. Ou bien comme une renaissance puisque le côté touffu ou sombre disparaît avec elles. Elles tombent par grappes, selon un rythme soigneusement choisi. Et, tels des pantins enfin libres, c'est-à-dire réduits à l'état d'humains, les personnages échangent encore
quelques considérations sur la vie, la mort, sur le fait de donner la vie ou de choisir sa mort. Les auteurs marquent de nouveaux points et les spectateurs jubilent, tant les abonnés de la Colline que les scolaires présents, en pleine révision de SVT.
Gérard NOEL
un spectacle de
Jean-François Peyret et Alain Prochiantz
mise en scène
Jean-François Peyret
avec
Jacques Bonnaffé, Yvo Mentens, Pascal Ternisien, Anne-Laure Tondu
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