PETIT TRAITÉ DE RENTROZOLOGIE URBAINE

Au théâtre LES DECHARGEURS,
3 rue des Déchargeurs, 75001 PARIS
Tél : 01 42 36 70 56
Salle Vicky Messica jusqu'au 27 juin 2011  à 21h30, les lundis.

RENTROZOLOGIE URBAINE ou L’art de rentrer chez soi

Avec ce joli titre, Gilles Bugeaud, auteur et interprète s’amuse. Et nous amuse.

Sur la petite scène des « Déchargeurs », il présente un traité de rentrozologie. Il ne s’agit pas d’un mouvement politique ni d’une secte, …mais alors qu’es a co ?

Simplement, si j’ai bien compris, l’art et la manière d’utiliser le temps passé à rentrer chez soi (au logis, donc) pour des voyageuses et voyageurs, surtout vivant hors grande ville et devant prendre un train. De nuit. S’il pleut, ce sera encore mieux. G.Bugeaud édicte ensuite des règles concernant un choc artistique, un accord mystérieux entre une vision (féminine pour lui) et une musique appropriée.

Tout ceci n’est pas si sérieux : ce serait plutôt un prétexte à gags et à chansons que G. Bugeaud nous interprète de sa belle voix de basse.

Auparavant, à coup de pancartes vite écrites et aussitôt changées, d’un manuel dont il nous lit des extraits, il aura, mine de rien, restitué la vague mélancolie du banlieusard. Sa stratégie d’occupation durant le trajet, son positionnement dans le wagon, ces mille et un détails qui ne sont rien en apparence mais qui font tout. Il y a là-dedans des trouvailles, un côté popu que René Fallet ou Blondin Antoine n’auraient pas renié. Mais, trêve de comparaison, même quand Gilles Bugeaud bafouille comme le regretté Pierre Repp, il reste lui-même, vif et espiègle. Tonique et parfois tonitruant. Emouvant aussi quand, se riant de toute logique, il cite Luis Ocana pour mieux, en fin de spectacle, nous évoquer son amour immodéré du cyclisme. On saura enfin, car « Rentrozologue urbaine » se veut aussi pédagogique, pourquoi les coureurs se rasent les jambes.

Fait de bric et de broc, ce spectacle qui aurait gagné à démarrer plus vite avec un peu moins de voix off,  séduit quand il prend sa vitesse de croisière, quand il déplore en musique les escaliers mécaniques ou détaille les avantages d’une résidence pour gens aisés.

Il y a tellement de spectacles où le verbe est roi, qu’on apprécie les chansons. Tellement de spectacles à un personnage où la bande-son est reine, qu’on peut ici féliciter l’auteur d’avoir eu recours à un pianiste (l’excellent Christophe Manien) Quand à Vaïa Venetis, elle apparaît à la fin, et sous prétexte de faire la bise au champion, elle danse, danse. Elle séduit au passage le comédien, … et finit  par mettre tout le monde dans sa poche.

De la belle ouvrage, donc !

 

Gérard NOEL

 

Auteur et interprète Gilles Bugeaud

Pianiste  Christophe Manien

Danse  Vaïa Venetis