Pour la troisième année, Diva, réseau consacré au théâtre musical, créé grâce à la passion et au professionnalisme de Jacky Azencott et Cathy Sabroux, présentait en lecture sept œuvres en devenir de styles différents.

Pour la plupart c’est une première présentation au public ; cet exercice permet de les faire connaître, de les tester  pour pouvoir continuer à les travailler  ou les peaufiner, et d’obtenir des aides à leur création.

Toutes de grande qualité, elles ont séduit leur public. Souhaitons-leur de trouver leurs productions et de connaître une belle carrière.

Petit florilège : (Nous n’avons pas pu assister au premier « L’éveil du printemps», c’est pourquoi nous ne pouvons hélas en parler).

Ginger Circus

Le thème

Mai 2068, Paris, capitale des Etats-Unis d'Europe. Un général est au pouvoir et la censure règne : la Police Musicale veille au respect des Lois Musicales d'octobre 63, qui interdisent d'écouter, de chanter et d'écrire des chansons qui véhiculeraient des valeurs autres que l'ordre, l'obéissance et le travail. Mais la chanteuse Ginger, bien décidée à former clandestinement un mouvement de résistance, va créer un groupuscule avec deux siamoises et un artiste engagé, rencontrés à l'agence où elle travaille, pour tenter de sauver la création musicale... Y parviendra-t-elle ?

Notre avis :

Sur un thème engagé, les cinq interprètes nous entraînent avec dynamisme dans un univers futuriste traité avec humour et dérision.

Belles voix, bonne présence scénique, musiques accrocheuses, le tout est  plaisant mais gagnerait semble-t-il en étant davantage encore dans le second degré, le décalé, l’absurde.

De Pascal Bolantin

Direction d'acteurs : Ariane Lagneau

Chorégraphie : Valérie Masset

Piano : Raphaêl Sanchez

Avec : Pascal Bolantin, Nelly Celerine, Bernard Chatreau, Anandha Seethanen, Marianne Vigues.

Monsieur Luxure

Le thème

Monsieur Luxure n'a peur de rien et seul le monde qu'il a créé est celui qui existe. Ce monde, il va cependant le voir s'écrouler. Ceux qui l'admiraient le fuient, un psychanalyste trop zélé veut sa perte, et toutes ces femmes qu'il se vante d'avoir eues, ne sont-elles pas qu'une seule et même personne ? Abandonné de tous, il va alors commettre le plus terrible des crimes : tuer le temps.

Notre avis

Ce spectacle avait déjà été donné cet hiver avec plusieurs musiciens. Cette fois, Laurent Couson, l’auteur, est seul en scène, s’accompagnant lui-même au piano, simplement rejoint sur deux chansons par la ravissante et talentueuse Romy Sublet.

De ce fait beaucoup plus dépouillé, épuré, il gagne énormément en intensité. Laurent Couson débarrassé de ses faux airs de Gainsbourg  trouve là véritablement son personnage. Il parait plus à l’aise, s’adressant directement au public, souvent avec humour. Les chansons présentées simplement au piano prennent tout leur relief, on se laisse davantage porter par les musiques variées et les textes soignés.

Une belle réussite.

De et avec Laurent Couson

Tobie et Sarra

Le thème

Tobie et Sarra sont les "Roméo et Juliette" de la Bible, à ceci près que leur histoire d'amour est heureusement inversée : elle commence très mal et finit bien ! Elle se déroule à Ninive, 5 siècles avant notre ère. On découvre deux jeunes héros passionnés, un mystérieux guide voyageur, un chien facétieux dans une saga pleine de rebondissements qui exalte l'amour contre l'exclusion, le partage contre le repli identitaire et la force de la vie contre le désespoir !

Notre avis

L’œuvre ici suit à la lettre le livre de Tobie de la bible. On y retrouve tous les épisodes et les personnages y compris le chien qui devient ici l’élément comique.

Nous sommes du coup entraînés dans une véritable épopée qui nous emmène de Ninive à Ecbatane. On prend plaisir à suivre les différentes péripéties grâce aux textes bien construits, aux musiques aux allures de « tubes » et à l’interprétation d’une grande justesse.

Ce spectacle-là pourrait tout à fait appartenir à la catégorie des grandes productions.

Livret de Jocelyne Tarneaud

Musiques d'Etienne Tarneaud

Mise en scène : Sophie Tellier

Avec Yoni Amar, Baptiste Famery, Harold Haven, Lucie Riedinger, Manon Taris, Etienne Tarneaud.

You don't Nomi

Le thème

Klaus Sperber (de son vrai nom) s'était créé un personnage surnaturel. Il a connu un succès fulgurant, et est disparu au faîte de sa gloire, foudroyé par une maladie qu'on découvrait à peine : le sida. Klaus Nomi, artiste new-wave est devenu un culte parmi de nombreux cercles de la scène indépendante, des grandes stars de la pop à la mode. You Don't Nomi est une pièce de théâtre musical, biographie fantastique en chansons, ni vraiment récital, ni tout à fait juke-box musical.

Notre avis

Le sujet n’est pas facile mais on se laisse vite gagné par la présence exceptionnelle des deux interprètes.

Denis d’Arcangelo joue à la perfection son rôle d’ancien passionné de Klaus Nomi qui revit tous les instants passés autrefois avec lui à l’occasion d’un déménagement avec un nouvel amour. Souvent bouleversant, toujours juste, il nous emmène avec une grande émotion sur les chemins du souvenir.

Matthieu d’Aurey interprète tour à tour ce nouvel amour, un jeune homosexuel de notre époque, et fait également revivre Klaus Nomi. Magnifique voix de contre-ténor, il se fond dans le personnage avec une extrême pudeur. C’est le spectacle émotionnel de cette saison de Diva. On attend avec impatience de le voir complètement monté avec tout ce que suggèrent les didascalies.

De Baptiste Delval

Metteur en scène : Nicolas Guilleminot

Avec Denis d'Arcangelo et Matthieu d'Aurey

Naturellement belle

Le thème

Dans un monde qui semble fait uniquement d'images et de rapports humains futiles et matérialistes, deux employés se retrouvent chaque jour au bureau pour travailler. A l'occasion d'une mission spéciale dont dépend leur avenir professionnel, ils vont faire évoluer jour après jour leurs conceptions du bonheur, de l'amour, et de l'engagement dans cette société à laquelle ils participent. Des solutions émergent, des portraits se brossent, des propositions se confrontent et s'élaborent, tout en dialogues, musiques et chansons. Un livret original, drôle, tendre et philosophique qui nous est proposé sur le monde d'aujourd'hui.

Notre avis

Un petit bijou que ce spectacle-là. C’est à la fois  drôle et touchant, léger tout en parlant de choses parfois graves, et surtout extrêmement bien ficelé.

Raphaël Callandreau et Rachel Pignot donnent là toute la mesure de leur talent : ils ont écrit le spectacle et l’interprètent également, jouant du piano, chantant et dansant avec un enthousiasme communicatif et une belle complicité.

Ils devraient trouver sans problème une production car c’est facilement réalisable et tout à fait à même de séduire un grand public comme l’a été celui de Diva ce soir-là, sortant de la salle souriant et ravi après leur avoir fait une véritable ovation.

Comédie pour deux pianos

De et avec Raphaël Callandreau et Rachel Pignot

Paroles et musiques de Raphaël Callandreau

Libre-Échange

Le thème

A l'intérieur d'un théâtre de province. Trois chanteuses parmi d'autres tentent leur chance à une audition. Elles se préparent sur la scène avant d'être appelées. L'attente se prolonge. Une relation se noue entre ces trois personnages aux couleurs contrastées, qui pour deux d'entre elles se connaissent déjà. Des discussions s'amorcent et des tensions naissent. De plus en plus passionnés, ces échanges vont toucher à différents sujets sérieux ou futiles. Des vérités fusent et des tabous se brisent. Paroles, musiques et danses virevoltent dans des situations cocasses. Une création originale à découvrir.

Notre avis

Pour la première fois, Diva nous proposait cette année  de découvrir un opéra en création. Nous avons pu en entendre cinq extraits, le projet devant être finalisé en janvier 2012.

Voilà un opéra tout à fait moderne de par les musiques très originales cassant parfois les codes de l’opéra classique, et par son sujet loin des drames  qui constituent généralement le répertoire traditionnel.

On est résolument dans notre époque, avec l’histoire de trois chanteuses qui se rencontrent à une audition et qui vont nous parler de leurs problèmes : avec leurs professeurs de chant dont elles se moquent ironiquement, entre elles où l’une accuse l’autre de lui avoir « volé »  un rôle ou encore avec les membres du jury. Et peu à peu elles vont créer leur propre opéra.

C’est original, curieux voir parfois déstabilisant, en tout cas un projet surprenant, exigeant  et  tout à fait intéressant, hors des sentiers battus.

Opéra de Benjamin Hamon du Petit Saint-Martin

rue René Boulanger 75010 Paris

Métro Strasbourg St Denis

Avec Marie Kalinine, Aurore Ugolin, Valéria Altaver

Piano et chef de chant Bertille Monsellier

Violoncelle Emmanuelle Lemire

Nicole Bourbon

Spectacles confirmés

Après les lectures, voici les spectacles confirmés avec à partir de la semaine prochaine

au XXème théâtre rue des plâtrières

lundi 20 juin  à 20 heures une soirée d’ouverture avec tous les artistes participant,

du 22 au 26 juin Stupéfiante,

du 29 juin au 3 juillet Cabaret Jaune Citron,

du 5 au 10 juillet Les Frangines chantent Les sœurs Etienne,

du 12 au 17 juillet Une Diva à Sarcelles et du 19 au 24 juillet Je ne sais quoi.

entrée 24 euros/19euros/ 12euros    

prix Diva : 12 euros

réservations au  Vingtième Théâtre 01 43 66 01 13

 www.vingtiemetheatre.com

7 rue des Plâtrières 75020 Paris    M° Ménilmontant