FESTIVAL DE SAINT-CÉRÉ OFF – Julien GONZALÈS au Casino
Le 10 août Casino de Saint-Céré
Décidément Saint-Céré recèle bien des surprises.
En allant au Casino assister au concert de Julien Gonzalès, je m'imagine un casino avec tables de jeux et machines à sous.
La réalité est tout autre et je vais découvrir que le lieu a une histoire pour le moins étonnante.
Dans les années 40, Jean Cassagnade, passionné de rugby, décide de construire à Saint-Céré une buvette pour les joueurs.
Suite à un voyage sur la côte d'Azur, séduit sans doute par les casinos mythiques qui y fleurissent, il change ses projets, ce sera un Casino.
Le bâtiment sort de terre, avec ses salles construites autour de la pièce maîtresse, un magnifique bar de bois blond.
Hélas, en 1945 les lois changent. Pas de possibilité d'ouvrir des salles de jeux si on n'est pas ville thermale.
Le neveu de Jean Cassagnade, Pierre Delbos, musicien, décide alors d'en faire une salle de concert. Il dirigera l'établissement jusqu'à 90 ans passés.
L'histoire du Casino (car il a conservé ce nom) peut démarrer que la fille de Pierre Delbos va me conter avec la passion des souvenirs de son enfance exceptionnelle.
Ce seront d'abord de petites formations qui viendront jouer au Casino, puis les grandes, style Ray Ventura très à la mode alors.
La rencontre avec Johnny Stark signera le début d'une autre ère musicale. Et le Casino, que l'on surnommera vite l'Olympia du Lot, verra défiler sur sa scène tous ceux qui deviendront les grands noms du music hall, Brel, Brassens, Hallyday , Colette Renard, Reggiani, Léo Férré, Aznavour, Nougaro, Jean Ferrat, les Compagnons de la chanson, Dalida, Marcel Amont, Tino Rossi, Claude François, Pierre Perret, Polnareff, Françoise Hardy, les Chats sauvages, Philippe Clay, Sylvie Vartan, Lama, Mouloudji, Nana Mouskouri, Mireille Mathieu, Juliette Gréco, Barbara ...et bien d'autres.
Jusqu'en 1980 où le concert de Julien Clerc sonnera la fin de cette période hors du commun, le matériel sono/éclairage devenant beaucoup trop important pour la petite salle.
Pierre Delbos s'étant lié aussi d'amitié avec son voisin de Saint-Laurent-les-Tours, Jean Lurçat, depuis 1947 l'endroit est aussi galerie d'Art. Ce qu'il est toujours actuellement.
Mais la petite fille de Pierre Delbos, qui gère maintenant l'établissement avec son époux, a le projet de faire revenir la musique au Casino.
Cela commence déjà avec les samedis des concerts de jazz et pendant le festival l'accueil d'artistes off, comme ce soir l'accordéoniste Julien Gonzalès, dans la salle du bar et sur la terrasse.
Et ensuite, pourquoi pas, de rouvrir la salle où la scène est toujours là, attendant une nouvelle vie.
L'ACCORDÉON DANS TOUS SES ÉTATS DE VIVALDI À PIAZZOLLA
Julien Gonzalès, accordéoniste
Le 10 aout à Saint-Céré
Le 12 aout à Loubressac
Photo Claude Bourbon
L'air juvénile, il apparaît, menu dans son jeans serré et sa chemise noire.
Puis il s'assoit, se saisit de son instrument qui doit bien peser dans les quatorze kilos et le voilà métamorphosé.
Il vit littéralement sa musique, fait corps avec son instrument, l'air ailleurs, il est dans un autre monde, celui de la musique, les doigts courent le long des boutons avec une agilité remarquable, et il nous emmène avec lui et on découvre que l'accordéon, ce n'est pas seulement Yvette Horner, André Verchuren et les bals musette, non, c'est aussi un instrument magique, capable d'interpréter aussi bien du classique que du baroque ou du jazz, pour peu qu'il soit entre les mains de quelqu'un de talentueux.
Et de talent, il n'en manque pas ce jeune Julien, capable d'interpréter avec la même veine aussi bien du Rameau que du Vivaldi ou du Mozart, du Brahms ou du Piazzola.
Tous morceaux qui prennent entre ses mains une autre couleur, une vie nouvelle.
Et il nous impressionne avec une remarquable fantaisie sur les airs de Carmen où les morceaux s'enchaînent dans une ronde époustouflante, et il nous enflamme avec une Danse hongroise frénétique, et il nous émeut avec un morceau contemporain Impasse, écrit en mémoire d'une nièce du compositeur disparue suite à une maladie, bourdonnement lancinant de la main gauche tandis que la droite fait s'envoler des notes d'espoir.
Au rappel, il revient avec une valse dans sa musette, de celles qui sont la source populaire du genre précise-t-il, ces valses des années 40.
Mais comment fait donc ce diable de garçon ?
Nicole Bourbon