FESTIVAL DE SAINT-CÉRÉ – Jour 5

 

Château de Montal

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Notre visite de la région se termine par le château de Montal tout proche où ont été données certaines pièces du festival.

Un autre véritable joyau au cœur de cette région qui en compte tant, transition entre la forteresse médiévale dont elle a conservé le plan et les fortifications et le style Renaissance avec son raffinement et l'apparition de sculptures et fenêtres.

Un château qui va connaître un destin tragique.

Construit par Jeanne de Balsac en 1519 pour son fils Robert, il ne sera jamais achevé, ce dernier étant tué en bataille aux côtés de François 1er.

Puis il passera de mains en mains, pour finalement être acheté en 1878 par un marchand de biens qui le dépouillera entièrement, démontant tout pierre à pierre pour être vendu.

Heureusement en 1908, un éminent collectionneur Maurice Fenaille achète le château et consacrera sa vie à le restaurer. Il retrouvera pratiquement toutes les pièces éparpillées souvent dans des musées et remettra tout en place.

Aujourd'hui le château a retrouvé son lustre d'antan, y compris une grande partie de son mobilier.

Construit autour de son monumental et superbe escalier qui porte l'édifice, il distribue ses nombreuses pièces richement décorées que le visiteur découvre avec émotion.

Il appartient à l'État depuis 1913.

 

CABARET

 


Photos Claude Bourbon

Willkommen, Bienvenue, Welcome ! Ces trois mots sont inscrits depuis quarante ans dans nos mémoires et le seront encore sûrement très longtemps.

Dès qu'on les entend, surgissent le visage, la silhouette, la voix de cet étrange maître de cérémonie qui mène le jeu, nous faisant sans cesse passer de la scène à des scènes plus intimes.

 

Cette histoire qui fait revivre le Berlin insouciant des années 30 alors que monte inexorablement le nazisme, n'a cessé de connaître le succès et a été maintes fois couronnée de nombreux prix.

Il était donc bien téméraire de s'attaquer à un tel morceau mais Olivier Desbordes est un fou génial qui va au bout de ses idées et de ses rêves et il s'est emparé de l'œuvre avec toute la fougue, l'imagination, la créativité et le savoir faire nécessaires.

En ressort une nouvelle version d'une qualité remarquable, portée par une troupe d'exception qui a à juste titre enflammé un public venu en nombre à la Halle des Sports de Saint-Céré.

Dès l'entrée le décor nous propulse dans l'univers à la fois chatoyant et sombre qui baigne l'œuvre et que les jeux de lumière ensuite souligneront admirablement.

Un décor style industriel où le métal domine, tours, passerelles et escaliers sur un échafaudage de deux étages. Avec côté cour une scène surélevée  fermée par un rideau sur lequel est écrit Kabaret.

Le tout abrite les loges des danseuses du Kit Kat Club, les chambres de la pension de Frau Scheider, l'orchestre et permettent les changements de costumes à vue.

Et puis les premières mesures si connues retentissent, le maître de cérémonie apparaît, et à l'instant on sent que l'on va assister à du grand, du très grand spectacle. Les signes ne trompent pas, tout est en place, les voix sont superbes, l'orchestre a la couleur qu'il faut, les chorégraphies sont au cordeau, et tous font preuve d'un abattage époustouflant.

Il faudrait d'ailleurs tous les saluer ici, Éric Perez, un maître de cérémonie impressionnant, présence incroyable, jouant sur les nuances, tour à tour séduisant ou effrayant, d'une agilité et d'une maîtrise à toute épreuve, Nicole Croisille, magnifique Frau Schneider, drôle, émouvante, qui trouve enfin ici un rôle qui lui permet d'exprimer toutes les facettes de son talent, China Moses qui a réussi à tenir le rôle jusqu'au bout alors qu'elle était extrêmement malade à en être incapable de revenir pour les saluts, quelle frustration pour elle, Patrick Zimmermann, déjà admiré précédemment pour sa composition de Jaurès et qui est ici un bouleversant Herr Schultz et tous les autres qui portent ensemble l'œuvre à bout de bras, à bout de voix, à bout de danses échevelées, dans un foisonnement continu de couleurs et de mouvements.

Et l'orchestre dirigé de main de maître par Dominique Trottein qui restitue la musique si entraînante, si expressive des chansons culte  qui ont immortalisé l'œuvre.

Et bien sûr Olivier Desbordes le magicien qui a encore une fois imaginé des trouvailles étonnantes, comme de mélanger les univers de cabaret et de cirque, avec cette idée de faire de Herr Schultz un clown que les enfants bombarderont de balles de papier. « Mais ce ne sont que des enfants qui jouent, n'est-ce pas ! » Terrible métaphore.

Et insensiblement la tension monte, le public ne s'y trompe pas, le ressent au plus profond, lui qui applaudissait chaque morceau, lorsque Frau Kost chante Tomorrow Belongs to Me, chant terminé par un salut nazi, il règne soudain un silence écrasant sur la salle.

 

Mon séjour à Saint-Céré se termine en apothéose avec ce show fabuleux qui restera dans ma mémoire et qui nous fait comprendre mieux que de longs discours combien il faut être vigilant car la bête monstrueuse est toujours là, tapie dans l'ombre, se nourrissant avec délectation des peurs, des désillusions et du désespoir, toute prête à ressurgir.

Nicole Bourbon

 

Cabaret

Livret : Joe Masteroff
Lyrics : Fred Ebb
Musique : John Kander

Mise en scène : Olivier Desbordes
Direction musicale :
Dominique Trottein
Chorégraphie : Glyslein Lefever
Costumes : Jean-Michel Angays,
Décor : Patrice Gouron,
Lumières : Guillaume Hébrard,
Assistant : Damien Lefèvre

Avec :
Sally Bowles : China Moses
Frau Schneider : Nicole Croisille
Le Maître de cérémonie : Éric Perez
Clifford Bradshaw : Samuel Theis
Herr Schultz : Patrick Zimmermann
Fraulein Kost : Pauline Moulène
Ersnt Ludwig : Clément Chebli

Et avec :
Anandha Seethanen, Anne-Sophie Domergue,Sarah Lazerges, Yassine Benameur, Déborah Torrès, Sarah Zoghlami, Paula Lefever, Pascale Peladan, Fanny Aguado,Marlène Wirth, Grégory Garell, Hedi Hammam, Rafael Linares, Antoine Baillet.

 

 

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